La part des anges

La part des anges, 2019
Installation, céramiques, bagasse (résidu de canne à sucre), verre, objets divers.
Exposition La part des anges, commissariat Lionel Lauret, musée la Saga du Rhum, restitution de résidence dans l’entreprise Rhums et Punchs Isautier, Saint-Pierre, La Réunion, 2019.
La ruche, 2019
Installation, verre, grès de Saint-Amand émaillé, hauteur de la fiole 25 cm.
Le bruit de la ruche, 2019
Grès émaillé, cuisson raku.
Collection Saga du Rhum

Arrière-plan : Nuages. Grès émaillé, chromos.

À table !, 2015
Porcelaine émaillée, chromos, diamètre des assiettes 27 cm.

Voir aussi la page Parodie

Kann, 2019
Céramique, grès de Saint-Amand, raku, enfumage, hauteur 300 cm.
Collection Saga du Rhum
Vavang, 2019
Grès émaillé, chromos, bagasse, longueur 150 cm.
Zarlor, 2019
Grès de Saint-Amand enfumé, or, 45 cm.
Fuzi nwar maron, 2015
Grès de Saint-Amand émaillé, sabot de chevreuil, oiseau naturalisé, longueur du fusil 140 cm.
Esters, 2019
Installation, porcelaine, grès, émail, chromos, sucre.
La part des anges, 2019
Installation, fioles en verre glanées in situ, led.
Baudoinia compniacensis, 2019
Installation, vidéo (gravures de Louis Antoine Roussin animées), grès de Saint-Amand, objets chinés, oiseau naturalisé, sucre, dimensions variables.

Voir aussi la page Artificialis

La part des anges

« Lorsque j’étais enfant et que j’allais au bois, avec mon oncle Blagé, bûcheron, et mon Papi Serge Raboliot, il nous arrivait de croiser Titi, le bouilleur de cru ambulant, dont la mission était de distiller les fruits macérés par les villageois qui attendaient patiemment son passage annuel.

C’est dans ce cadre que j’entendais pour la première fois ces mots, sortis de la bouche de l’homme à l’alambic, il s’adressait à mon grand-père dont le surnom avait traversé la Loire, entre Sologne et Beauce : “Frappe qu’un coup, n’oublie pas la part des anges !”

La part des anges, je la retrouve aujourd’hui, au contact des artisans du rhum, l’expression aurait pour origine l’alchimie qui désigne, par anges, toute substance volatile.

C’est une manière poétique de raconter le phénomène d’évaporation qui se produit lors du vieillissement d’un alcool dans un fût, une réaction invisible, imprévisible, une conséquence essentielle pour la maturation d’un vieux rhum.

En côtoyant les acteurs de cette entreprise, je m’aperçois qu’elle représente aussi tout ce qui ne se voit pas, ce qui se cache derrière cet objet fini : l’énergie des employés, les différentes étapes d’un savoir-faire traditionnel, le développement d’une idée créative, l’expérience transmise des aînés, ces anges disparus…

À travers ma présence dans ce lieu, il m’a semblé essentiel de construire des ponts entre le monde industriel et l’art. J’ai d’abord cherché l’art dans l’entreprise, puis l’entreprise dans l’art, j’ai fantasmé mille projets mais la réalité du temps m’a vite rattrapée.

L’important était de rencontrer les personnes et de raconter cette humanité.
J’ai donc essayé d’éclairer toutes ces petites mains, de capter le bruit de la ruche, de valoriser les résidus produits, de revisiter l’origine de cette histoire industrielle.

Mon souhait était de témoigner des relations entre patrimoine et réalité contemporaine, industrie et poésie, et de raconter cette rencontre particulière avec les hommes et les femmes qui vivent cette aventure.

L’installation proposée à la Saga du Rhum mêle sculpture céramique, vidéo, son, montage photographique, matières premières et objets glanés.

J’y montre des pièces qui sont plutôt expérimentales, réalisées spécialement dans le cadre de cette résidence, et des pièces sur lesquelles je travaillais au moment de la construction du projet et qui correspondent à la mélancolie surréaliste de cette exposition. »

Alice Aucuit