L’Autre, à travers le mythe du Minotaure

« La danse pour vivre une expérience à travers le corps par le mouvement et dans la rencontre et l’apprivoisement de l’Autre.
Le costume pour le jeu, ” faire semblant ” et être un autre, se permettre, ouvrir son imagination et pourquoi pas de se rencontrer.
La photographie pour garder une trace physique dans le temps de cette expérience
mouvante, un témoignage figé dans un instantané.

La performance pour déployer les multiples possibles expressions de soi. Créer des moments inattendus et aléatoires qui s’articulent avec le présent. Danser, dessiner, écrire, parler, être en présence, disponible et dans l’agir. »

Et si les monstres n’étaient pas ce qu’on nous fait croire !?

« Les personnes accueillies dans l’Unité Lagon présentent des troubles psychiques
divers mais tous ont en commun une souffrance morale importante. Cette dernière
entraîne une impossibilité à un instant T de fonctionner dans la réalité de notre société avec soi, son corps et/ou avec l’Autre dans tous ce qu’il représente.

La thématique des monstres résonne avec le vécu de la maladie psychique. Le monstre c’est soi, le monstre c’est l’Autre, le monstre c’est la maladie, le monstre c’est l’entourage, le monstre c’est le système et tant encore…

La représentation du monstre peut nous amener à nous comparer, à nous définir : le choc qu’il crée nous oblige à nous regarder nous-mêmes et à nous poser par rapport à l’autre. Les monstres représentent l’inconnu. Évoquer les monstres, c’est parler des différences, de l’altérité et de ce qui nous dérange.

Dans la mythologie grecque, le Minotaure fut enfermé par Minos grâce à Dédale au
cœur du Labyrinthe afin de cacher, par honte, son existence au reste du monde. Mi-homme, mi-taureau il symbolise les pulsions les plus enfouies de notre inconscient, notre côté ” animal “. Le Minotaure incarne la dévoration, la cruauté, la monstruosité qui réside en chacun de nous, et qui, si elle ne reçoit pas son tribut de chair et de sang, menace de ressortir à tout instant. Il représente les pulsions trop réprimées, les secrets trop tus… tout ce qui, par excès de maîtrise, échappe à notre corps défendant.

Mais ce mythe, riche en personnages, met aussi en relief comment le monde extérieur, la société, la famille, les amis, “ l’Autre ” conditionne notre être. Le monstre est parfois victime avant d’être monstre, il est aussi parfois monstre car la norme a posé ses limites, parce qu’au fond dans ce mythe qui est le monstre ? Minos, le beau-père, le roi, qui trahit sa parole et qui par honte de la progéniture hors nature de sa femme, fait enfermer le Minotaure ? Pasiphaé, la reine, qui s’accouple avec un taureau et abandonne son fils en le laissant dans le Labyrinthe ? Ariane, sœur du Minotaure, qui aide son amant Thésée à
assassiner son frère ? Thésée le “ héros ” qui tue pour la gloire, profite d’Ariane pour arriver à ses fins et l’abandonne ensuite pour aller en trouver une autre ? Dédale le créateur des stratagèmes, de la génisse pour la reine, du Labyrinthe pour le roi, du fil pour Ariane et de la danse, la Géranos, clé du Labyrinthe pour Thésée ? ou le Minotaure ?…

Et si les monstres n’étaient pas ce qu’on nous fait croire !? »

Réflexion en 3 volets

« BiG MTHER - MAI 2021 est une pièce courte tout terrain, 1er volet qui aborde notre rapport aux nouvelles technologies, nos comportements face au ” monstres ” GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Et si on se reconnectait au vivant !?

TAURë – OCT 2021 / JUIN 2022 s’inscrit dans un projet Culture/Santé en partenariat avec le service psychiatrie Lagon - CHU Sud. Danse, Art plastique et Performances, restitué sous la forme d’une exposition. À travers le mythe du Minotaure, ce 2ème volet questionne notre part d’animalité considérée comme “ déviante ” face aux “ monstres ” à ciel ouvert que sont les lieux d’enfermement.

ZANFAN CONTREVENT - JUIN 2022 signe le troisième et dernier volet de cette réflexion en présentant une pièce courte tout terrain transdisciplinaire incarnant l’idée de révolte. Qu’est-ce qu’être vivant, si ce n’est s’aimer soi, ses multiples, sa singularité et sa différence plus que tout le reste afin de pouvoir aimer l’autre et le monde plus que soi. Une création portée comme une ode à la vie ” à tout ce qui n’est pas droit ” face au ” monstre ” de la norme et du conformisme. »

Céline Amato, compagnie ARTEFAKT, 2022

Voir aussi la performance TAURë