« Je voulais de vraies rencontres…
Aller vers l’autre, surtout après le COVID, me semblait important.
Je souhaitais trouver la voie, le chemin, vers une rencontre, pouvoir clamer sans mot dire nos ressemblances, notre appartenance à une unité commune d’êtres humains.

J’ai emmené un beau fauteuil, douillet, sur le marché, entre les monceaux de manioc entier, découpé, les tas parsemés ici et là de brèdes manioc et de cocos.
Qui allait accepter mon invitation à s’assoir ?

Il a fallu du temps pour que deux femmes se joignent à ma danse. Après cette danse partagée, j’en ai invité une à s’assoir. Cette première femme ne savait pas ce qui allait se passer.
Je me suis installée à ses pieds et je l’ai déchaussée ; son regard m’a questionnée …
J’ai commencé à lui laver les pieds, respectueusement, avec douceur et tendresse, à l’eau de rose. Puis je les ai essuyés, toujours avec autant d’attention, et j’ai commencé un massage des pieds à l’huile de rose.

Je souhaitais mettre en avant toutes ces femmes ordinaires et exceptionnelles, toutes aussi importantes que moi. Ces femmes, celles qui travaillent sur le marché populaire de Volo Volo, m’ont touchée par leurs sourires, leur présence.
Je me suis trouvée, avec chacune d’elles dans un présent suspendu dans le temps et l’espace. En face à face, toutes les barrières sont tombées. Les mots n’étaient plus nécessaires. La rencontre physique avec l’autre mène à une rencontre sur un autre plan, une rencontre du cœur, à travers le regard, à la porte de l’âme.

L’intensité de ces moments n’est pas transposable à l’écrit pour moi, j’en garde un arc-en-ciel d’émotions… »

Migline Paroumanou