Migline Paroumanou

UP. 07.08.2023

Stop

Stop, 2013
Performance, 30 min.
Saint-Benoît, La Réunion.
Réalisation et montage Nathalie Vindevogel

« (…) En 2006, le 7 septembre, le jour glauque étreignait la ville, la séparant du reste du monde. La femme douce va par l’avenue François Mitterrand. Une auto la rattrape, s’arrête, un homme en descend, il poignarde la femme. Elle aurait manqué à ses devoirs de princesse, de femme, de ménagère, de chair sur la couche du maître. Elle n’ira pas servir un autre homme. Ni elle-même. L’homme a parachevé le dépeçage. A présent, il manque à la femme la dernière circonstance de son humanité : la vie.

Le 5 avril 2013, Migline a pris un bouquet rouge chez la fleuriste du lotissement Teyssèdre1 . Devant la sous-préfecture, elle a peint en blanc une portion du trottoir. Elle s’est maquillée selon les désirs et la frayeur des hommes : ” Le rouge et le noir représentent la vie, une vie surnaturelle et excessive ; ce cadre noir rend le regard plus profond et plus singulier, donne à l’œil une apparence plus décidée de fenêtre ouverte sur l’infini “. (Éloge du maquillage, Charles Baudelaire).
Migline s’allonge sur le sol près de la pancarte fragile qui rend compte de l’assassinat. Une des femmes de l’assistance trace sur le sol le contour de son corps. Migline ne fait pas une performance, elle n’est pas Narcisse, elle ne s’exhibe pas. Dans un autre début mythique de la peinture, une jeune fille dessine l’ombre du profil de son amoureux qui va s’en aller.
C’est plus précisément une manifestation publique du crime que l’artiste organise : l’absence ensanglantée de la femme se manifeste par le corps de l’artiste.
Quand elle se relève, elle va parler dans la rue à des hommes qui racontent ce qu’ils ont vu le 7 septembre 2006, leur effroi. (…) »

Edward Roux
Extrait du texte Voir Migline Paroumanou, 2013.

  1. Performance à Saint­-Benoît, La Réunion dans le cadre de l’exposition Cinquième saison à l’Espace Culturel et Artistique Bénédictin (ECAB)