Rideaux
« Pourquoi “ Rideaux ” ?
Pour clore ma vie professionnelle et ouvrir sur la grande liberté de la vie tout court, de ma vie artistique, restée longtemps en arrière-plan dans ma vie professionnelle et de femme.
Là, au premier plan “ Rideau ”, parce que les rideaux ferment et ouvrent sur l’espace, déforment les objets, filtrent, atténuent et jouent avec la lumière. Ils gardent dans leurs plis un peu d’ombre. Et dans le mystère de cette ombre, des images perdues de l’enfance ré-apparaissent.
” Rideau ” parce que je travaillerai sur le support (de la peinture), la toile, toutes sortes de toiles, dont ici, des toiles, des voiles de rideau, avec les outils du peintre et d’autres…
Le “ Rideau ” permet de voiler le visible : voiler, dévoiler, occulter.
On peut le déployer, l’étendre, le suspendre… Il peut flotter…
Il sera aussi question de texture, de tissu, de trame, chercher ce qui se trame.
Chercher la correspondance entre le tissu et la peau mise ainsi à distance.
(…)
C’est l’occasion de revenir sur ce qui a construit mon regard : les objets, la culture moyen-orientale croisée à la culture du centre de l’Europe, les migrations familiales…
En hommage et référence au long travail patient de Simon Hantaï d’abord, aux artistes de Support-Surface ensuite, je mets en œuvre les diverses facettes de ma pratique.
Freud écrit à W. Fliess, dans une lettre du 6.12.1896 :
“ …je travaille sur l’hypothèse que notre mécanisme psychique s’est établi par stratification : les matériaux présents sous formes de traces mnésiques subissent de temps en temps, en fonction de nouvelles conditions une réorganisation, une réinscription. ”
J’ai l’intention, dans ce travail, de réinscrire sur fond de rideaux, une partie de mon chemin personnel en opérant une mutation plastique. »
Christiane Fath