Pascale Simont

UP. 07.12.2021

Vidéos

Gingko, 2006
Extrait. Vidéo, 4 min 53 s.
Collection FRAC Réunion

Pascale Simont utilise la vidéo en évitant l’écueil technologique du trucage : Ginkgo est réalisé d’après un film Super 8 projeté sur le feuillage. Les séquences mises bout à bout traduisent dans l’hésitation et la maladresse la difficulté de la petite fille à exécuter des roulades dans l’herbe. L’obscurité augmente l’angoisse, sur un fond sonore de crissements de grillons dans cette épaisse nuit d’été. La répétition du geste jusqu’à l’épuisement du corps affirme une volonté résolue, un entêtement à franchir les étapes de l’apprentissage de la vie.

Rouge baiser, 2006
Extrait. Vidéo, 3 min.
Collection Artothèque de La Réunion

Ce film est un plan fixe de 3 minutes sur une pelouse en éclairage naturel.

L’objectif de la caméra est obturé par une feuille de gélate rouge.

Le corps d’une jeune fille, jambes nues, habillée d’une robe à fleur, assise sur une balançoire, traverse par intermittence le champ de vision.

Au montage cette scène tout en mouvement, évoquant la douceur de l’insouciance, est intercalée avec un gros plan de doigts venant avec une certaine violence déchirer le filtre rouge, dévoilant le corps de la jeune fille sur la balançoire en lumière naturelle.

Rouge baiser est une évocation du vertige des premiers ébats amoureux associé à la rupture de l’hymen et à la perte de l’enfance.

Yves-Michel Bernard, 2010.

Volcanatomie, 2007
Extrait. Vidéo, 5 min 6 s.
Collection Ville de Saint-Pierre

Le corps sensible perçu comme un mannequin anatomique, où des coulures de peintures viennent révéler le volume de ses courbes, livrant une vision analogue aux paysages de nuit lorsque la lave souligne de son trait incertain les pentes du volcan. Les deux vitalités se confondent, expulsant des rejets dans des soubresauts respiratoires.

Hémisphère Sud, 2010
Extrait. Vidéo, 1 min 48 s.

Les vidéos de Pascale Simont s’inscrivent inexorablement dans la réalité physique de La Réunion. Lumière, chaleur et langueur sont étroitement associées dans la composition des images, leurs présences lancinantes traduisent l’épaisseur de la torpeur tropicale. Cadrage et ralenti oppressent les corps contenus dans l’espace restreint d’une île volcanique isolée dans l’océan Indien. Hémisphère Sud inaugure un process plus réaliste que les précédentes vidéos. Ici la caméra fixe et filme en temps réel une scène de rue sans aucune mise en scène préalable. Le cadrage serré d’un abri en arc de cercle envahit le bas de l’écran, soulignant la profondeur de champ et le renversement de l’image. Le corps se déploie dans l’apparente apesanteur d’une brise légère. Une Mahoraise en tenue traditionnelle entre en scène, consulte les horaires avant l’arrivée du bus. Cette attente est ponctuée par le passage de divers véhicules. Un jeune homme traverse la scène dans une démarche chaloupée. Puis pour une raison tout aussi inattendue que soudaine la femme décide de continuer sa route à pied. Un second écran témoigne en diffusant les mêmes images avec quelques secondes de décalage de la temporalité banale et absurde de ce moment de vie dans l’hémisphère Sud.

Yves-Michel Bernard

Les pieds dans l’herbe au soleil, 2004
Extrait. Vidéo, 4 min 46 s.

L’artiste filme le corps, le sien. À la manière du peintre, les cadrages serrés, le dosage de plans et d’arrière-plans, les subtiles brisures de rythmes horizontaux et verticaux, la beauté plastique des scènes inscrivent cette œuvre dans la continuité de ses toiles sur le morcellement de la chair, références à Bacon et Schiele.

Sa maîtrise de l’espace témoigne aussi d’une pratique de la sculpture.

Synthèse des acquis, l’utilisation du médium vidéo libère le langage du poids de l’histoire. Évitant l’écueil technologique du trucage, elle lui ouvre de réjouissantes perspectives dans sa quête de mouvement.

Elle rejoint ainsi Georges Bataille. Picturale et intuitive, son écriture vidéo sublime l’intimité de ses émotions en un envahissement érotique et sensuel, en une suggestion onirique de partager un fantasme, en une parabole magique de sa conscience aiguisée du fascinant bonheur d’être en vie. Carpe diem.

Éric Fayet, 2004.

Comme une algue, 2005
Extrait. Vidéo, 3 min 48 s.
Collection Artothèque de La Réunion

Les deux vidéos Comme une algue et Les pieds dans l’herbe au soleil ressemblent à des peintures de lumière. L’artiste a aboli la profondeur et montre la mobilité du corps qui se déforme, s’altère par un mouvement lent et incessant. La présence de la musique, inquiétante parfois et associée au mouvement, pourrait aussi rapprocher ce travail de la danse : un lent ballet où l’équilibre est précaire, un léger mouvement de la main ou du pied lorsque tout bouge autour. Le ballet solitaire semble se dérouler inexorablement, la tension vient de l’impossible image fixe et de la dimension spirituelle suggérée, des fantômes qui montent en elle.

Head Toy, 2008
Extrait. Vidéo, 4 min 57s.
Collection CNEAI (Centre national édition art image)

Sur un fond de chute d’eau qui laisse percevoir durant de courtes séquences un paysage tropical, un personnage au premier plan se caresse le visage avec une boule de verre dont les radiations pénètrent à l’intérieur du crâne, stigmatisant l’émotion ressentie.

En résidence au Centre national édition art image à Chatou, en Île-de-France, sur proposition de l’Artothèque, Pascale Simont a conçu un multiple pour présenter Head toy. Le tube de rouge à lèvres, objet phare de la féminité, devient métaphore. Il est ici clé USB donnant accès au film et allégorie des plaisirs solitaires évoqués par le titre et le sujet de la vidéo.

Yves-Michel Bernard

Head toy, 2009
Édition CNEAI, Chatou, 250 exemplaires. Inv. 2009-03-01.
Pochette contenant un tirage photographique et une clé USB contenant la vidéo Head toy.
Vue de l’exposition individuelle Head toy, galerie Art et essai, Le Tampon, université de La Réunion, 2009.
Vue de l’exposition collective Crawl, centre d’art La Médiatine, Woluwe-Saint-Lambert, Belgique, 2017.