Yassine Ben Abdallah

UP. 03.06.2025

Pile plate

Pile plate, 2024
Série de 98 flasques en verre soufflé et moulé, 14 x 8 x 3 cm.
Résidence de création au Cirva (Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques), Marseille.

© Camille Lemonnier

Exposition À l’ombre de l’Empire, villa Noailles, Hyères, 2024.

© Camille Lemonnier
© Camille Lemonnier

© Luc Bertrand
© Luc Bertrand

© Camille Lemonnier
© Luc Bertrand

© Luc Bertrand
© Luc Bertrand

© Luc Bertrand

© Luc Bertrand
© Camille Lemonnier


« C’est une histoire de circulations, de processus de créolisation, de fantômes, d’oppression, de détournements et de présences invisibilisées mais agissantes, que le designer Yassine Ben Abdallah nous invite à percevoir avec les œuvre de Pile Plate. Elles évoquent les après-vies du monde colonial, fait de dominations et de déshumanisation, d’exploitation et de misère, mais dont l’hégémonie n’est jamais totale car elle se heurte à des résistances, des dérivations, des phénomènes de fuite et de réappropriation.

Ainsi le rhum, symbolisé ici par la « Pile Plate », nom donné à un contenant créé en 1988 et dont le degré d’alcool était de 49 %. Célébré sur l’île de La Réunion par la « Saga du rhum », établissement dit « touristique et culturel à visée éducative », le rhum est plutôt l’emblème du monde de la plantation esclavagiste hier et des grandes corporations capitalistes aujourd’hui. Les plantations de cannes à sucre dont il est issu, ont justifié l’asservissement, appauvri les terres, détruit l’environnement. Le rhum a été une arme de destruction coloniale des âmes et des corps. En transformant cet instrument d’oppression en un élément indispensable et central des rites afro-malgaches aux ancêtres esclavisé·es qui n’ont cessé de fuir la plantation, les Réunionnais·es ont démontré la force des pratiques populaires indisciplinées. Ce sont ces paradoxes que l’artiste met ici en scène. »

Françoise Vergès
Extrait de À l’ombre de l’empire, 2024
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