Clément Striano

MÀJ. 26.09.2024

One-Shots

Îlium, 2016
Installation, bâche plastique, ballons d’hélium, dimensions variables.
Exposition collective Ile Flottante, Ancien hôtel de ville de Saint-Denis, La Réunion, 2016.
Photographie © Gwael Desbont

« Comment évoquer l’île ? Comment l’invoquer aussi ? Comment lui rendre ce qu’elle nous prend ? Comment lui offrir ce qu’elle nous donne ? Comment transformer en elle ce qu’elle a saisi de nous ? Comment transformer en nous ce que nous prenons d’elle ? Voilà quelques-unes des nombreuses questions que chacun pourrait se poser au sujet d’une vie sur une île. Cet espace géologique, physique, concret que personne n’arrivera à attraper alors qu’elle pourrait l’être en étant une île. Donc un flottement.
Insaisissable parce que flottante ou flottante parce qu’insaisissable ? C’est là l’origine presque métaphysique de cette exposition. Clément Striano et La Paulinette ont donc créé chacun une oeuvre incertaine à partir de ce qui ressemble à clin d’œil et ne l’est pas : Île Flottante. »

Camille Touzé


Exposition collective La nuit égarée, commissariat Camille Touzé, scénographie Clément Striano, Cité des arts, Saint-Denis, La Réunion, 2017.
Photographie © Gwaël Desbont

Obscur, 2017
Anamorphose sur meubles, dimensions variables.
Vers l’infini et au-delà, 2017
Installation, échelle (284 x 34 cm) et miroir (150 x 120).

« Une exposition est presque toujours conçue dans une contradiction. Être une invitation faite à des artistes mais celle-ci se glisse au milieu d’obligations. Invitation gratifiante à partager leurs œuvres donc. Et obligations des multiples contraintes et des désirs plus ou moins lisibles de ceux qui rêvent, pensent, produisent l’exposition. La Nuit égarée n’échappe pas à cette contradiction et a voulu croire en sa dynamique, sa fertilité.
Trois artistes aux travaux éloignées ont donc été invités à créer dans un contexte contraint mais surtout singulier. Il s’agissait d’inverser le white cube en investissant une boîte noire - salle dédiée normalement aux créations de spectacle -, ici située au sein de la Cité des Arts de Saint-Denis à La Réunion. L’exposition a été pensée comme une représentation en boucle, donc avec des durées et un travail spécifique lié à lumière et aux sons. Des choix techniques de mise en scène qui supportent, guident, racontent, unissent les œuvres. Elles se mettent alors à dialoguer et on l’espère, à toucher le public.
Deuxième contrainte forte de cette proposition, le titre. Le titre comme point radiant et non comme résultat. Ou comme unique intention puisque c’est lui qui arrive en premier au public et qui sert de cartel commun. Le titre comme histoire, propos ou fil à tisser. Extrait d’un poème de Georges Bataille, il était une volonté d’amener les trois artistes à produire des œuvres qui s’autorisaient de la noirceur, de l’inconscient, de l’absence de repère. Parti pris qui n’est pas si évident sur une île car comme tout espace restreint, La Réunion a besoin de compromis et non-dits pour vivre au mieux. Elle évite les espaces malaisants qui évoquent ouvertement les pulsions et les peurs. C’est donc en conscience d’un piège collectif toujours actif que le producteur artistique a ouvert les possibles par ce titre - sa fonction. Les artistes, eux, ont chacun pris position avec leur liberté, leur créativité et leur propre questionnement dans ce cadre. Voilà quelques points pour des lignes de fuite de cette exposition produite par Constellation.
Dans ce contexte, Clément Striano a présenté deux installations très différentes bien qu’axées sur une récurrence centrale chez cet artiste : l’endroit précis du point de vue. Que ce soit avec Obscur ou Vers l’infini et au-delà, il oblige ou invite le spectateur à être dans le bon angle, le bon axe pour que se découvre l’effet, la lecture, l’ensemble. Constituée de meubles communs et pauvres, « Obscur » assemble des lignes droites, des portes ouvertes, des étagères vides, des miroirs pour former une installation inquiétante. Les battants et fonds des meubles sont supports du mot Obscur peint en noir à la main, lisible uniquement dans un certain axe. L’œuvre, toujours dans cette simplicité de moyen qui caractérise le travail de Striano, n’est pas sans écho avec d’autres créations produites avant ou après cette exposition.
Le meuble notamment est un objet récurent, comme transport, support ou lien avec le passé, avec la réparation, avec l’intimité.
La deuxième proposition est un effet d’optique rudimentaire où une échelle droite avec deux miroirs produit un vertige infini. Le spectateur se penche et découvre son buste, ceux des voisins en même temps, plongés dans cet abysse d’une échelle sans fin qui monte et descend selon son regard. Intitulée Vers l’infini et au-delà - clin d’œil vers une œuvre populaire qui n’est pas sans écho avec l’enfance -, cette installation réussit à provoquer une sensation physiologique première chez chacun. L’artiste, sans discours préconçu, arrive à nous réunir - en dehors de nos histoires et de nos savoirs -, par quelque chose de commun. Et ce partaz passe ici par une impression physique née d’un regard qui cherche un repère. Réponse pertinente, espiègle presque, à ce titre qui annonçait de l’égarement. »

Camille Touzé


Starlight, 2016
Chorégraphie d’objets lumineux
Idée originale et mise en scène : Clément Striano
Interprètres : Lou Seyer et La Paulinette
Création sonore : Freddy Leclerc
Durée 20 min
Création soutenue par la Cité des Arts de La Réunion

« Une obscurité. Une obscurité calme. Puis des sonorités fissurent le noir. Elles annoncent l’apparition d’une lumière minuscule. Et une autre. Et une autre encore. L’espace devient l’écran sans cadre pour l’apparition d’images fugaces où animaux, galaxies, figures géométriques, phénomènes biologiques apparaissent et disparaissent par les mouvements surprenants des points lumineux. C’est Starlight. »

Camille Touzé