« Mardi 11 mars. Sur les coups de 6 heures du matin. Le jour se lève doucement sur le Barachois.
Cinq canons sur les neuf du Barachois attirent l’œil. Le soleil se reflète dans leur pellicule d’aluminium. Ce matin-là, tous les Réunionnais qui ont emprunté, dans un sens ou dans l’autre, la sortie ouest de Saint-Denis ont remarqué cette bizarrerie. Tous se sont interrogés sur l’identité et la motivation des auteurs. Ne cherchez plus : les artistes du collectif Art-marron revendi­quent cet acte. “ Nous avons eu cette idée par rapport aux pro­pos de Christian Estrosi, secré­taire d’État à l’Outre-mer. Il a annoncé la remise en cause du droit du sol à Mayotte. On s’est dit que pour mieux repousser les étrangers, il fallait remettre à neuf ces canons sur le front de mer du chef-lieu. ”
Le détournement des canons est donc une manière pour ces artistes engagés de « faire la nique » au gouvernement et surtout à leur politique d’immigration qu’ils contestent.
Les canons n’ont pas conser­vé leur habillage d’aluminium longtemps. En effet, l’après-mi­di, tout avait disparu. Les ar­tistes soupçonnent les autorités. « Très tôt le matin, lors de l’ins­tallation, nous avons été obser­vés un long moment, se sou­vient [l’artiste] Cimendef. Les policiers nous ont tourné autour. Nous savons qu’à tout moment nous pouvons être arrêtés. Mais nous ne faisons rien de mal et puis, une arrestation nous ferait de la publicité ».

J.B., Le Quotidien de La Réunion, 11 mars 2008

« Cristof Dènmont et Stéphane Kenkle, en résidence à l’Apeka à la Plaine des Cafres, organisent une manifestation appelée Bèf Plastik (clin d’oeil aux “bœufs” musicaux, mais en arts plastiques). Ils nous invitent, Guillaume Lebourg et moi, à intervenir in situ. Nous décidons de faire une installation sauvage dans un champ de La Sica Lait (coopérative agricole structurant l’industrie laitière sur l’île de La Réunion) à la Plaine des Cafres.
Des silhouettes de bœufs sont installées de manière apparemment anarchique dans le champs, mais lorsque l’on se place juste au niveau de l’arrêt de bus en face, l’angle de vue spécifique permet de lire, en anamorphose, les lettres O G M. »

Xavier Daniel

« Cette installation de 36 mots sur la plage de la Ravine des Sables à Saint-Leu a été réalisée en hommage à Kaya, chanteur mauricien et créateur du seggae, dans le cadre d’un concert organisé par le lieu Art’Sénik, 10 ans après la mort de l’artiste dans des circonstances toujours non éclaircies. L’installation a été conçue pour être exposée en nocturne, éclairée par la pleine lune, les mots semblant flotter à 1 m au dessus du sol. »

Xavier Daniel