Transition en temps libre

Transition en temps libre, 2016

Installation in situ, fil de cuivre.
À gauche : 1000 x 1000 x 700 cm
À droite : 300 x 400 x 500 cm.
Centre International d’Art Contemporain, Le Mas-d’Azil


« (…) Pour ce travail réalisé lors d’un séjour passé en résidence de création à Caza d’oro, centre international d’art contemporain, elle a été invitée à œuvrer sur le site de l’Abbaye de Combelongue qui possède un jardin labellisé remarquable. Ce fut bien là, pour elle, un défi difficile à relever. Difficile, pourquoi ? À cause du « jardin remarquable » travaillé par le propriétaire de l’abbaye comme une véritable œuvre d’art. En effet le jardin se joue de ses sous-bois, de ses allées, de ses plantations, taillés conceptuellement et de ses alentours aussi, véritables paysages sculptés par le jardinier et paysagiste des lieux.

Dès son arrivée à Caza d’oro, au Mas-d’Azil, en Ariège, Masami a côtoyé l’histoire et la préhistoire, ses grottes, ses dolmens, ses lieux sacrés et cultuels, ses traces de civilisations passées, ses architectures et ses cultures. L’énergie ancestrale y a touché son âme, elle l’a guérie profondément. Elle a touché à la semence de son corps. Elle l’a poussée à voyager dans le temps passé, présent et futur, réalisant ainsi que toutes ces périodes en réalité coexistaient en parallèle dans le présent.

Répondant à ce moment subtil et fort en corps et esprit, elle a donc décidé de créer in situ, une sorte d’architecture composée de fils de lumière. Une œuvre en suspension dans l’espace d’une forêt sauvage, installée en face de l’abbaye et en relation directe avec son jardin remarquable, car cette forêt est lue comme une ligne de perspective depuis les terrasses et le jardin. L’œuvre ainsi créée se situe pour Masami dans la marge étroite entre une période concrète et une autre imaginée, période qui serait alors un passage de transition dans le temps, entre le passé, le présent et le futur. Elle peut être aussi lue comme une sorte de projection transhistorique à plusieurs dimensions. Elle est dans tous les cas ce qu’elle appelle « une architecture de loisirs », dans laquelle les détails concernant la période de création ne sont pas reconnus. Elle glisse formellement dans les deux dimensions qui sont spatiales et temporelles. Elle nous évoque tout ce que l’on désire ou craint comme par exemple : le mortel et l’immortel grâce à sa forme visible et invisible selon la lumière, elle nous parle de présence et d’absence, l’œuvre est un dialogue permanent entre divers matériaux qui sont le fil doré et la lumière du soleil. Les arbres en sont ses piliers, ses lignes d’appui. La forêt en est étrangement habitée et devient un lieu d’exception. (…) »

Nathalie Tibat, 2016
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