« Celui qui, le premier, s’est servi de deux pierres pour broyer les graines a inventé le mortier. Ce n’était pas même un homme, mais quelques ancêtres commun de l’homme et du singe. Ce n’est donc pas en siècles, mais en millénaires qu’il faudrait chiffrer le mortier¹ .

Mortarium de bois, de pierre, porcelaine, métal ou verre inventé par la pensée et la main de l’homme pour broyer et trouver le goût des substances végétales et organiques par la frappe rythmée du pilon.

Beau mortier au ventre arrondi d’où s‘échappe le son clair du claquement minéral et des parfums d’épices venues d’ailleurs…
Ainsi naît la magie de la forme entre le millénaire et le contemporain en relation intime avec l‘île et son identité volcanique et humaine.

Vivre une expérience qui traduit et symbolise le mot creuset dans sa plus grande dimension. L’île, creuset d’un peuple venu d’ailleurs.
Le volcan, creuset de laves incandescentes, matières fécondes de nos paysages.
Pilon, creuset de nos ingrédients et de nos saveurs.

Le creuset comme forme idéale pour offrir une jonction poétique du mélange, du métissage des matières inscrites dans les veines de notre île.
Entre terres d’ici et de là-bas, tout est possible. Bois lourds et puissants de nos forêts métaux en feuilles, jaunes, luisants, noirs et cuivrés sortis du ventre des navires…

Dans le creux du pilon² l’équation du mélange reste suspendue aux mille combinaisons possibles avec un brin de poésie et de hasard. L’acte de création reste frontal dans la mouvance de formes épurées… »

Jack Beng-Thi
Catalogue Creusets, auto-édition, 2016