Jack Beng-Thi

UP. 01.04.2025

Kalba Pangu, 1991

Kalba Pangu, 1991
Installation, fibres végétales, pierres volcaniques, charbon, cendres, fil de nylon, 500 x 240 x 160 cm.
Photographie © Jacques Kuyten

« (…) C’est finalement entre l’immobilité et l’impression d’un mouvement global du corps, entre la fatalité écrasante et la possibilité d’un échappement, que le sculpteur navigue. C’est peut­ être là que réside la possibilité du geste libérateur. Ainsi, dans une œuvre comme Kalba-Pangu, sculpture d’un corps en terre cuite enserré dans des fibres végétales et soutenu par des tuteurs en bois, le mouvement d’échappement se dessine de manière singulière : plié en deux, la tête vers le sol, l’homme souffle en direction d’une pierre de volcan. L’air qui émane de sa cage thoracique est matérialisé par un fil de nylon. Néanmoins, le corps de l’homme est pris jusqu’à la taille, dans de la natte tressée. Son buste est ligoté et tenu droit grâce à des tuteurs en bois. Contraint dans sa motricité, il s’émancipe en visant non la verticalité d’une fierté toute sociale, non la linéarité de la fuite, mais une posture bien différente : un angle fermé qui lui permet de s’évader par le sol, une posture a priori soumise qui lui permet de voyager dans les méandres de la matière. La révolte à l’œuvre chez cet homme s’appuie alors sur l’inventivité du corps contraint. Ce corps va saisir dans une verticalité inversée, tête vers le sol, la chance de sa libération. (…) »

Aude-Emmanuelle Hoareau
Extrait de Sculpter le soulèvement du corps, 2019
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