Topographies de sucre
ZESPAS
Le geste performatif est au cœur du corpus Topographies de sucre. Mais ce geste fabrique, en plus de ces topographies éphémères, quelque chose de plus durable : les traces photographiques et vidéo.
Le protocole à la base de ces performances peut s’activer ou se réactiver à volonté, et produit chaque fois des formes différentes.
« (…) Matériau récurrent dans sa production artistique de 2009 à 2015, le cube de sucre est une unité de construction qui permet à Leïla Payet de composer de petites architectures éphémères, du simple muret à la ville (Le mur, 2009 et Villesucre, 2010). Il est aussi le symbole de l’économie coloniale sur laquelle se sont bâties l’hégémonie occidentale et la bipolarisation du monde. Les agencements en sucre de Leïla Payet ne sont jamais de véritables architectures à échelle réduite mais plutôt des arrangements sommaires qui renvoient à l’idée d’architecture. L’artiste se concentre sur l’acte de construire et de déconstruire des espaces, plutôt que sur la structure architecturale en elle-même car c’est la notion de déterritorialisation au sens où l’évoque Deleuze, une ligne de fuite vers le hors-champ ou processus éthique de sortie du territoire, qui l’intéresse. Sa pratique, que l’on pourrait qualifier d’art du bricolage, par la simplicité des protocoles d’action ou l’aspect parfois élémentaire des pièces, est en fait la formalisation d’une pensée complexe qui procède par assemblage, collage et confrontation des idées. Un véritable laboratoire de recherche expérimentale où la forme et le concept s’imbriquent et se confondent. »
Diana Madeleine, 2014.