Stefan Barniche

UP. 22.09.2025

C'EST UN GRAND TERRAIN DE NULLE PART [dessin]

C’EST UN GRAND TERRAIN DE NULLE PART, depuis 2006
Corpus de 117 dessins et 20 vidéos
Techniques et dimensions variables


CUGTDNP_COMBINAISON#003, 2024
Montage numérique réalisé à partir d’une sélection de dessins de la série éponyme, dimensions variables.
CUGTDNP#001
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#002
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#003
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#007
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#006
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0010
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0025
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0017
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0012
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0015
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0014
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#009
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0013
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0016
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0018
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0027
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0106
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0080
Encre à pigment sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0081
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0086
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0079
Encre à pigment sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0091
Stylo bille sur papier malgache, 70 x 100 cm.
CUGTDNP#0058
Encre et stylo bille sur papier, 14 x 21 cm.
CUGTDNP#0057
Encre et stylo bille sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0063
Rotring et stylo bille sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0059
Stylo bille et crayons de couleur sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0039
Encre, stylo bille et graphite sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0037
Encre et stylo bille sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0044
Encre, stylo bille et graphite sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0054
Encre et stylo bille sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0056
Graphite et stylo bille sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0034
Encre et graphite sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0089
Encre sur papier, 20 x 20 cm.
CUGTDNP#0092
Encre et stylo bille sur bristol, 50 x 65 cm.
CUGTDNP#0064
Encre graphite et stylo bille sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0069
Stylo bille sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0070
Stylo bille et encres sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0088
Encre sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0051
Encres et graphite sur papier, 21 x 15 cm.
CUGTDNP#0066
Encres, stylos bille et crayons de couleur sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0042
Encres et stylo bille sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0065
Encres et stylo bille sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0102
Rotring sur bristol, 45 x 12 cm.
CUGTDNP#0093
Stylo bille et découpe sur papier photo impression numérique, 77 x 25 cm.
CUGTDNP#0094
Stylo bille et découpe sur papier photo impression numérique, 77 x 25 cm.
CUGTDNP#0095
Stylo bille et découpe sur papier photo impression numérique, 77 x 25 cm.
CUGTDNP#0101
Rotring sur papier, 26 x 26 cm.
CUGTDNP#0113
Rotring sur papier, diamètre 44 cm.
CUGTDNP#0099
CUGTDNP#0100
CUGTDNP#0104
CUGTDNP#0103
Encres sur papier, 15 x 21 cm.
CUGTDNP#0098
Stylos bille et graphite sur papier, 42 x 15 cm.
CUGTDNP#0116
Stylo bille sur papier, 15 x 21 cm.

Dessins hors série, 2005-2016

Croisée de chemin 11, 2007
Graphite sur papier, 29,7 x 21 cm.
11 DÉCEMBRE 2008, 2008
Encre sur papier, 21 X 15 cm.
13 DÉCEMBRE 2008, 2008
Encre sur papier, 20 x 20 cm.
ORBITE-ISS#9, 2009
Rotring sur papier, 25 x 25 cm.
ORBITE-ISS#7, 2009
Rotring sur papier, 25 x 25 cm.
ORBITE-ISS 5, 2009
Rotring sur papier, 25 x 25 cm.
Déplacement de la zone tropicale humide, 2006
Encre sur papier, 25 x 25 cm.
Les absents, 2007
Graphite sur papier, 42 x 30 cm.
Le système s’intensifie et devient un cyclone tropical, 2009
Impression numérique, 114 x 76 cm.
CHIKUNGUNYA, 2009
Rotring et rouille sur papier, 25 x 25 cm.
Maison cyclone, 2016
Encre de Chine et graphite sur papier, 30 x 21 cm.
La seconde éruption survient au matin, 2016
Feutres Posca et stylo sur papier, 29,7 x 21 cm.
FÉPÈTLAKOL, 2005
Feutres, crayons et Posca sur papier, 21 x 29,7 cm.

« La série “ C’est un grand terrain de nulle part ” (CUGTDNP) est un ensemble composé initialement de dessins commencés en 2006, la plupart du temps réalisés dans un carnet de croquis d’environ 15 x 20 cm, chez moi ou durant mes voyages (2006 en France, 2019 en Thaïlande…), augmenté au fur et à mesure par des vidéos, transformant ce grand terrain de nulle part en lieu infini composé de souvenirs réels ou inventés. Le titre est emprunté de la chanson de Gérard Manset Comme un Lego. Cases, ruines, usines, villages, temples, autels, vérandas, échafaudages, chantiers, déchetteries, rochers, forêts, coraux… fouiller le réel dans ses détails, et dessiner ce qui reste. »

Stefan Barniche


« (…) Pour C’EST UN GRAND TERRAIN DE NULLE PART, tout est parti de croquis de lieux imaginaires que j’ai combinés avec des croquis de détails de lieux réels que j’avais visités (usines, temples, cases créoles abandonnées…). Je les dessinais souvent sur place, rapidement, de façon nerveuse, puis j’en sélectionnais certaines parties pour les retravailler et les assembler à d’autres, comme si je travaillais avec des calques. Peu à peu, une nouvelle étape s’est imposée : une extension des dessins à travers la vidéo d’animation 2D et 3D. Je me suis demandé : qu’est-ce que ça ferait de voir ces lieux, ces architectures dessinées s’animer et prendre vie ? L’idée d’une architecture vivante — au sens d’animée ou habitée par un esprit — m’a toujours fasciné. Qu’il s’agisse du cinéma (Amityville, Poltergeist, Playtime, One Week, Mon Oncle, Shining) ou de l’écriture (Les Cités obscures de Schuiten, Ici de Richard McGuire, ou le roman La Maison des feuilles), je reste profondément attiré par le motif de la maison vivante.

C’est peut-être comme ça que le processus se met en place, par enfilade. Les possibilités défilent devant moi, et à un moment donné, j’ai besoin d’aller voir ce que ça peut donner. Inévitablement, cela entraîne aussi une sélection, les pistes s’éliminant peu à peu. C’est une façon d’épuiser le sujet. (…) 

Nous avons précédemment évoqué une de tes œuvres qui s’intitule C’EST UN GRAND TERRAIN DE NULLE PART : c’est un titre très évocateur, très poétique aussi.

SB
J’ai emprunté ce titre à l’un des plus grands poètes français : Gérard Manset, auteur-compositeur qui a écrit une chanson intitulée Comme un Lego. Il y a d’ailleurs un côté dystopique dans ce morceau qui décrit le monde vu d’en haut, comme s’il n’était qu’un immense jeu de construction. Manset y observe les êtres humains et leurs activités comme de minuscules figurines. La première phrase dit : « C’est un grand terrain de nulle part, avec de belles poignées d’argent… »

C’est un peu la même démarche que lorsque j’emprunte le titre Errance à Raymond Depardon. Pour moi, « c’est un grand terrain de nulle part » était parfait pour nommer ce corpus : il décrit cette immensité dans laquelle je ne sais pas exactement où aller. Je représente des morceaux de lieux, réels ou imaginaires, mais au fond, de quoi s’agit-il ? Du grand terrain de nulle part. Est-ce que ce grand terrain se situe autour de la feuille ? Est-ce que ce terrain est la réalité qui nous entoure ? Serions nous nulle part en étant là où nous sommes ?…
Avec ce titre, j’ai l’impression d’avoir épuisé les possibilités de significations, comme avec des combinaisons infinies — tout est ouvert et ça m’allait, même dans leurs contradictions. Car le terrain de nulle part parle aussi de La Réunion. Où suis-je ? D’où viens-je ? Mon séjour en hexagone a soulevé beaucoup de questions sur l’image que les gens de là-bas ont de notre île. Et moi, où est-ce que je me situe sur cet échiquier identitaire ? Peu importe où je me trouve, je ne suis jamais tout à fait assez ceci ou cela. Ce n’est pas quelque chose que je brandis, mais c’est un questionnement qui reste toujours là, en arrière-plan.

Globalement, l’ensemble de tes titres est très singulier, comment les choisis-tu ?

SB
Pour certains projets, je me dis qu’il faudrait un titre qui marque. Souvent, les titres viennent à moi — ou plutôt, ils sont déjà là, glissés dans les paroles de musiques que j’écoute en travaillant.
Il y a aussi des moments où les titres surgissent, comme avec mes carnets de dessin. Par exemple, Les Heures : le projet est né d’un fond sonore, de ce qui m’entourait — des conversations, la radio, un film que j’avais vu, une série que je n’avais pas aimée, ou au contraire la musique d’un film qui m’avait touché. Et là, le titre s’impose, lié à ce que je vis au moment du travail. Parfois il vient plus tard, mais toujours dans le prolongement du processus. C’est un déclic : évidemment, ça doit s’appeler comme ça. Pour C’EST UN GRAND TERRAIN DE NULLE PART, je cherchais quelque chose qui évoque l’espace, le territoire, l’ici et maintenant, mais sans limite définie. Le titre s’est imposé de lui-même.

Il y a aussi des références qui m’inspirent toujours, comme Charles Fort, qui, dès 1910, passait ses journées à éplucher les journaux pour collecter des faits divers étranges et des anomalies répétées : pluies de grenouilles, poltergeists, objets lumineux traversant le ciel (à une époque où l’aviation en était à ses balbutiements), disparitions d’équipages sur des navires intacts, statues qui suintent, et bien d’autres phénomènes inexpliqués. Il a compilé tout ça dans Le Livre des damnés. Ce bouquin, un peu oublié, a beaucoup inspiré les surréalistes — Jacques Bergier, Louis Pauwels, et j’y puise parfois des titres. J’aime cette manière de capter et de porter un regard sur les anomalies, les choses qui échappent à notre entendement, sans les condamner à priori par nos croyances limitantes. (…) »

Extrait d’entretien avec Stefan Barniche, par Céline Bonniol et Mathilde Rousselie, 2025.
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