Brandon Gercara

MÀJ. 25.10.2022

Lip sync de la pensée

Lip sync de la pensée, 2020
Vue extraite de la vidéo de la performance Lip sync de la pensée, triptyque de discours : Asma Lamrabet, Françoise Vergès, Elsa Dorlin, 14 min.

Photographie et cadrage de la vidéo © Marcel | © Éric Lafargue
Collection FRAC Réunion

Extrait - Lip sync d’Asma Lamrabet à propos de son ouvrage Islam et femmes, les questions qui fâchent à l’Institut français de Casablanca
Extrait - Lip sync de Françoise Vergès à propos de son ouvrage Un féminisme décolonial chez France Culture
Extrait - Lip sync d’Elsa Dorlin à propos de son recueil Sexe, race, classe : pour une épistémologie de la domination chez France Culture

Vues de tournage
© Marcel et © Éric Lafargue

« Inspiré des shows drag queen, le « lip sync », ou synchronisation labiale, est l’ensemble des techniques destinées à faire en sorte que semblent synchros les lèvres et les paroles. C’est mimer du bout des lèvres des paroles enregistrées sans toutefois réellement en être le·la locuteur·rice organique. Dans le cadre de la performance, il s’agit de réactiver les discours de chercheur·euses qui travaillent au croisement des études féministes, queer, et postcoloniales. »

Brandon Gercara


« Pratiqué par les drag queens et drag kings, le “lip sync” est un exercice de mime théâtralisé qui repose sur la synchronisation labiale, soit une technique destinée à synchroniser les lèvres à des paroles.

Depuis 2016, Brandon Gercara, artiste militant·e du milieu queer, développe un corpus d’œuvres qui part de son expérience de vie en tant qu’homosexuel·le, non binaire et zoréol·e habitant à La Réunion pour aborder les problématiques de société qui touchent à la relation à l’autre et aux enjeux de domination qui la sous-tendent. C’est en découvrant le texte de chercheures de la pensée postféministe dans le cadre de ses recherches qu’iel a conçu cette série de performances à travers laquelle iel rend hommage à des figures intellectuelles engagées en “incorporant” leurs paroles.

Ce “playback de la pensée” qui nécessite des heures de répétition n’est pas seulement une lecture d’œuvres phares du féminisme, c’est aussi un outil d’appropriation des discours. En incarnant le locuteur, il s’agit donc de mettre en bouche ses mots, ses silences, son intonation mais aussi de faire corps avec lui en mimant ses gestes, ses mimiques, ce qui le caractérise en adoptant aussi sa coiffure, son maquillage.

Iel revisite ici l’acte transformiste au cœur de la logique queer en élargissant cette notion, le queer qualifiant pour iel un espace capable d’accueillir la pluralité des corps en marge, ces autres corps souvent perçus comme monstrueux ou étranges. »

Diana Madeleine, août 2021.
Notice de la collection du FRAC Réunion.