Brandon Gercara

MÀJ. 25.10.2022

« Brandon Gercara pense et fabrique des espaces politiques où les contre-pouvoirs peuvent exister et prendre forme. D’une chanson de Mariah Carey à un espace festif, en passant par une campagne électorale, ielle infuse les problématiques de genre, de féminisme décolonial, d’intersectionnalité ou de créolisation par le biais d’évènements issus de la culture populaire. Ces évènements non autoritaires sont ouverts à toustes. Parce qu’ils appartiennent à un langage commun, ces évènements annulent les questions de la légitimité et de l’accès. Par le chant, la danse, la rencontre autour d’une table, un verre à la main, des paillettes et des ballons dorés, Brandon Gercara génère une œuvre protéiforme envisagée comme un territoire hospitalier où le champ théorique et plastique trouve une entrée dans la fabrication d’un nouvel imaginaire collectif : queerisé, créolisé et décolonisé. »

Extrait de « Corps d’à côté » de Julie Crenn, 2019

ATELIER A

Réalisation Frédéric Ramade
Production ARTE en partenariat avec l’ADAGP et le FRAC Réunion.
Brandon Gercara © ADAGP, Paris, 2022
© ARTE France Développement, ADAGP, 2022

COMMISSARIAT

Vue de l’exposition collective Kwir, commissariat Brandon Gercara, FRAC Réunion Bat’Karé (container mobile), Saint-Denis, La Réunion, 2022.

Exposition « KWIR »

« KWIR est une exposition qui s’intéresse à la scène kwir et aux pratiques en relation avec la kwirité. Une présentation qui s’articule autour d’archives et de propositions plastiques, militantes et musicales : un ensemble de voix, d’écritures et de gestes qui nous éclairent sur le fait d’être kwir.

Kwir – traduction réunionnaise du mot anglais queer – est la communauté LGBTQIA+ réunionnaise refusant toutes formes de catégorisation amenant à des stratifications, dominations et discriminations. D’abord, le terme queer s’inscrit dans un processus de reclaim. Il s’agit de la réappropriation d’une insulte qualifiant les « minorités » de bizarres, pour qu’elle devienne un outil de résistance : un qualificatif qui se déplace du négatif vers le positif. Pensé comme une pratique politique, être queer, c’est mettre en crise toutes les normes excluantes, dont les absurdes dichotomies telles que masculin/féminin, hétérosexuel/homosexuel, cisgenre/transgenre.
La traduction réunionnaise du terme queer fut nécessaire pour la fabrication d’un « nous ». Un « nous » pour conscientiser les oppressions vécues en commun. Un « nous » qui se construit contre un système de pensées dominantes et structurelles.
Être kwir, c’est se rendre compte que son existence est une résistance face à un monde qui veut tout contrôler : contrôler qui nous sommes, qui nous aimons et notre métissage. La kwirité comme la créolité portent l’héritage de la colonialité : des corps issus de multiples violences. Être kwir est une nécessité pour transformer un imaginaire collectif traumatisé, qu’il faut repeupler d’histoires positives écrites par les personnes concernées.

Être kwir, c’est faire partie d’un futur utopique. »

Brandon Gercara

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KULT

Kult : Brandon Gercara, artiste-chercheur décolonial et queer, 2020

LIVRES

Monique Wittig, La Pensée straight, éditions Amsterdam, 2013 (1992)
Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, Gallimard, 2016 (1949)
Donna Haraway, Manifeste cyborg et autres essais, éditions Exils, 2007 (1984)
Olivia Gazalé, Le Mythe de la virilité, éditions Robert Laffont, 2017
Elsa Dorlin, « Performe ton genre : performe ta race ! Repenser l’articulation entre sexisme et racisme à l’ère de la postcolonie », Cahiers Genre et Développement, n° 7, L’Harmattan, p. 227-237 ; 2009, Sexe, Race, Classe : pour une épistémologie de la domination, Presses universitaires de France, 2010
Judith Butler, Trouble dans le genre : le féminisme et la subversion de l’identité, 1990
Françoise Vergès, Un féminisme décolonial, La fabrique éditions ; 2017, Le Ventre des femmes : capitalisme, racialisation, féminisme, Albin Michel, 2019
Lucette Labache, « Approche d’une situation de néocolonialisme : la problématique Zoreils-Créoles à La Réunion », L’Autre, vol. 3, p. 519-532, 2002
Renate Lorenz, Art queer : une théorie freak, Éditions B42, 2018 (2012)
Isabelle Alfonsi, Pour une esthétique de l’émancipation : construire les lignées d’un art queer, Éditions B42, 2019
José Esteban Muñoz, Cruiser l’utopie : l’après et ailleurs de l’advenir queer, Les presses du réel, 2021 (2009)
Nicolas Bourriaud, Esthétique relationnelle, Les presses du réel, 2001 (1998)

ARTISTES

Myriam Omar Awadi
Abel Techer
Samuel Fosso
Zanele Muholi
Alain Séraphine
Kama La Mackerel
Éric Pougeau
Gabrielle Manglou
Steven Cohen

FILMOGRAPHIE

Jennie Livingston, 1990, Paris Is Burning
Aloïs Fructus et Marcelino Méduse, 2018, Démavouz mon kor
Kiddy Smile et le collectif Louvre, 2016, Let a B!tch Know
Valentin Noujaïm, 2021, Les Filles destinées

Ressources et textes critiques

À La Réunion, des résistances et émancipations queer décoloniales

Par Sarah Andres

Sarah Andres, « À La Réunion, des résistances et émancipations queer décoloniales ». « Pour Brandon Gercara, “Requeer” est avant tout une œuvre. En créole, “queer” s’écrit “kwir”. “Il s’agit de s’interroger sur : comment fabriquer notre kwir créole ?” Iel prend l’exemple du tiers-lieu parisien et engagé La Colonie, financé exclusivement par ses activités afin de ne pas dépendre des subventions dans une optique de décolonialité et de rapport critique aux institutions de pouvoir […]. »