Christiane Fath
Par Céline Bonniol
2011
Le parcours de Christiane Fath est marqué par la pluridisciplinarité et la soif de connaissance. Aujourd’hui retraitée de l’Éducation Nationale, elle s’épanouit dans sa réflexion plastique, puisant dans son histoire personnelle.
C’est avec le dessin que la plasticienne débute sa production plastique, un dessin naturaliste mais non scientifique. De cette pratique du dessin dont le style s’inspire d’Henri Cueco, nait un bestiaire qui va contribuer à construire un univers caractérisant l’imagerie de l’artiste.
À l’approche graphique du dessin vient s’ajouter un travail sur la couleur. La couleur qui jusqu’alors représentait une peur, est apprivoisée ; l’artiste se l’approprie et en même temps elle s’affranchit de la figure dans des tableaux abstraits. Fortement influencée par les travaux du groupe Supports-Surfaces, une réflexion sur le support s’engage et amène l’artiste à produire de grandes compositions abstraites et colorées sur toiles libres.
Après avoir délaissé un temps la figure pour oser la couleur, c’est le châssis qui disparait au profit d’un questionnement sur la matière et le textile. De la toile, Christiane Fath passe au tissu. Sa démarche s’étoffe autour des notions de trame, de quadrillage, de pliage qu’elle reprend à Simon Hantai. La peinture est à la fois creusée, guidée et le résultat d’un processus inversé qui fait du support un élément en mouvement à partir duquel la peinture se déploie.
L’aboutissement de ce travail se concrétise dans le projet L’Affaire des rideaux en 2010 qui est aussi l’occasion d’une exposition personnelle. Un ensemble de rideaux de famille dans les plis desquels différents motifs sont peints, montés sur portants et installés dans l’espace. Les rideaux sont chargés d’une force symbolique, leur utilisation par l’artiste agit métaphoriquement pour évoquer le temps, les souvenirs, tout autant les souvenirs marquants qui sont les témoins des moments forts d’une vie, que les souvenirs plus diffus, plus latents, jouant sur la dualité transparence/opacité de l’objet rideau. L’artiste s’appuie sur sa mémoire personnelle qui s’accumule en couche ou dans les plis des tissus.
Parallèlement à ce travail sur les rideaux, qui permet à l’artiste d’associer sa pratique graphique et picturale à une démarche faisant entrer l’objet dans le champ de la création, Christiane Fath continue à développer d’autres médiums comme la vidéo et la performance.
C’est donc avec un riche panel de pratiques que Christiane Fath continue pas à pas à construire son parcours de plasticienne. Avec une esthétique du second degré, l’artiste évoque sa propre histoire et des moments importants de sa vie. Pourtant, bien que la démarche de création ait une dimension cathartique, les œuvres produites sont dépourvues de pathos et toujours dotées d’une dérision légère qui amène au sourire.

Pastel sur papier, 18 x 18 cm.

