« L’installation Débords nous met en présence d’un lit d’enfant médicalisé peint de couleur dorée. À l’intérieur, sur une table lumineuse épousant les dimensions du sommier, une carte topographique dessine l’enclos du volcan de La Fournaise. De la gelée Mueller Hilton (substrat de culture cellulaire et bactériologique) est étalée sur la carte avec des encres de couleurs différentes.

Dans cet espace carotté, les strates d’un paysage s’organisent : la gelée appelle les spores et les champignons à se développer sur la surface de l’enclos. Les encres colorées ajoutent de la diversité à ce biotope en gestation. Débords, le titre de l’œuvre nous prévient : un processus est en cours.

Celui-ci a lieu dans une salle d’exposition conçue selon les codes de monstration du white cube. Le milieu est froid, presque stérile. Le lit surélevé et la présence des barreaux métalliques enclosent encore l’expérience, la privent de relations avec l’extérieur. L’or alchimique va-t-il empoisonner les cultures de bactéries ? Une sensation de trouble émane de ce dispositif. La culture peut-elle vraiment prendre ?

Débords ouvre une réflexion sur les limites que l’on est disposé à franchir et sur le sentiment d’enfermement que l’on peut ressentir en vivant dans une île. Le recours au vivant dans la fabrication de l’œuvre invite à repenser nos interconnexions avec la terre, l’air, l’eau et les autres espèces. »

Clotilde Provansal