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À l’origine il y a une image…
Celle d’une tache rouge dans le paysage
Une image fugace, récurrente sur le territoire réunionnais, va ancrer la recherche plastique développée par le duo d’artiste KID KRÉOL et BOOGIE. Cette apparition provoque chez eux des questionnements autour de la pratique cultuelle consacrée à Saint Expédit.
Les oratoires, qui attirent leur attention, sont marqués de rouge et contiennent la statue de ce « p’tit bon dié » vêtu comme un soldat romain, devenu l’objet d’un culte extrêmement vivace sur l’île.
C’est à partir de ce moment-là qu’ils vont s’attacher à l’enregistrement photographique de ces lieux, de ces espaces, au sein desquels ils vont découvrir des architectures originales et évolutives. Initialement envisagé comme des documents de travail servant de référence à l’élaboration du dessin, ce corpus d’images va constituer une matière réelle dont ils vont extraire l’essence des formes et des couleurs. Un dessin va être réalisé à partir de chaque oratoire photographié. Dans ces centaines de dessins à l’encre, ils vont privilégier la structure construite, éliminer tous les objets manufacturés, statuettes, fleurs, bougies, pour ne laisser que des indices de ces croyances et pratiques.
Cette production documentaire va les conduire à arpenter le territoire à la recherche de l’objet à trouver, à découvrir, avec toute la surprise et la curiosité qu’il provoque. Recherche sans fin, cette quête constitue le processus qui aboutira aux productions plastiques que sont le dessin d’une part, mais aussi l’installation nourrie par la réinterprétation des objets constitutifs de ce culte : la statuaire, les éléments de fabrication, les éléments contextuels. Ces configurations formelles sont autant d’actes de pensée, d’actes critiques qui entrainent l’appréhension d’un territoire, de ses mythes et croyances, fondateurs d’une identité commune. La circulation entre les médiums va alors permettre de passer d’une réalité des pratiques à toute cette immatérialité constitutive d’un imaginaire créole.