Romain Philippon

MÀJ. 09.02.2024

Commune do fé

Primat

Mené dans le cadre de LA FRANCE VUE D’ICI 1 (ImageSingulières), ce travail photographique et vidéo sur le quartier Commune Primat, à Saint-Denis, est constitué de photographies, de films, de textes de François Gaertner et de pistes sonores originales.

« Les habitants de Commune Primat sont relativement réticents à l’idée d’accueillir un photographe dans leur quartier. Il semblerait que trop de caméras ou d’objectifs soient déjà passés ici, avec une fâcheuse tendance à l’exagération ou la caricature. Il me faudra plusieurs mois pour tisser des liens et obtenir les images de ce projet. »

Romain Philippon


Commune do fé, 2017
Série de photographies numériques et vidéos, dimensions variables.

Commune do fé - Jonas, 2017
Vidéo, 2 min 26 s.
Commune do fé - Clency, 2017
Vidéo, 2 min 29 s.
Musique : Slow Movement, Christof Déjean, Cezame Music Agency.
Commune do fé - Jacqueline, 2017
Vidéo, 3 min 45 s.
Musique : Slow Movement, Christof Déjean, Cezame Music Agency.
Commune do fé - La cérémonie, 2017
Vidéo, 2 min 37 s.

« Commune Primat est un petit quartier de Saint-Denis de La Réunion. Ici, jusque dans les années 70, un bidonville s’étendait sur une bande de savane coincée entre un lit de rivière et une ravine. Au bout de cette langue sèche s’élevaient les fumeroles d’une décharge à ciel ouvert où s’amoncelaient les ordures de la plus grande ville des DOM-TOM. Fermée d’un côté par l’océan, de l’autre par une quatre voies, Primat est aujourd’hui une cité un peu coupée du monde. 1 700 personnes vivent dans les immeubles HLM et les maisons mitoyennes bâties au fil des opérations de RHI – pour Résorption de l’Habitat Insalubre. La décharge a disparu, remplacée par les infrastructures typiques des périphéries urbaines : stade de foot, centre commercial, parkings, cimetière et centre funéraire qui creusent un périmètre vide autour du petit village de béton, devenu une île dans l’île.
Fin 2015, une étude publiée dans un quotidien local désignait Commune Primat comme le quartier le plus pauvre de La Réunion, département français déjà hors-norme sur le plan social, où une personne sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Ça n’a pas plu aux habitants, qui sont fiers de leur quartier, et souvent nostalgiques du « Primat d’avant » la réhabilitation. Entre eux, ils s’appellent les Primatoriens, et savourent les faux airs d’aristocratie romaine qui ronflent dans le titre. La rumeur urbaine leur a longtemps prêté la réputation d’être les plus bagarreurs de l’île. Cette image de quartier chaud est, pour certains, à l’origine du nom sous lequel beaucoup connaissent l’endroit : Commune Do Fé (Commune De Feu). »

François Gaertner


Exposition Commune do fé, Festival ImageSingulières, Sète, 2017


La France vue d’ici, éditions de la Martinière, 2017.

  1. « LA FRANCE VUE D’ICI est un projet porté par le festival de la photographie documentaire ImageSingulières et le journal en ligne Mediapart. Il s’agit d’un projet artistique et citoyen répondant à un besoin d’intérêt général de documenter la société française d’aujourd’hui. LA FRANCE VUE D’ICI a ainsi créé et diffusé un corpus photographique sur les femmes et les hommes habitant la France entre 2014 et 2017 afin de transmettre et témoigner des réalités sociales du pays, des plus connues aux plus invisibles. Pour se faire, 26 photographes et 4 journalistes ont été sélectionnés pour sillonner le pays et en offrir une analyse, non exhaustive. Leurs travaux photographiques ont fait l’objet de publications sur un blog puis d’une exposition itinérante et enfin de l’édition d’un livre. »
    Source : https://imagesingulieres.com/commandes/la-france-vue-dici