« Commune Primat est un petit quartier de Saint-Denis de La Réunion. Ici, jusque dans les années 70, un bidonville s’étendait sur une bande de savane coincée entre un lit de rivière et une ravine. Au bout de cette langue sèche s’élevaient les fumeroles d’une décharge à ciel ouvert où s’amoncelaient les ordures de la plus grande ville des DOM-TOM. Fermée d’un côté par l’océan, de l’autre par une quatre voies, Primat est aujourd’hui une cité un peu coupée du monde. 1 700 personnes vivent dans les immeubles HLM et les maisons mitoyennes bâties au fil des opérations de RHI – pour Résorption de l’Habitat Insalubre. La décharge a disparu, remplacée par les infrastructures typiques des périphéries urbaines : stade de foot, centre commercial, parkings, cimetière et centre funéraire qui creusent un périmètre vide autour du petit village de béton, devenu une île dans l’île.
Fin 2015, une étude publiée dans un quotidien local désignait Commune Primat comme le quartier le plus pauvre de La Réunion, département français déjà hors-norme sur le plan social, où une personne sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Ça n’a pas plu aux habitants, qui sont fiers de leur quartier, et souvent nostalgiques du « Primat d’avant » la réhabilitation. Entre eux, ils s’appellent les Primatoriens, et savourent les faux airs d’aristocratie romaine qui ronflent dans le titre. La rumeur urbaine leur a longtemps prêté la réputation d’être les plus bagarreurs de l’île. Cette image de quartier chaud est, pour certains, à l’origine du nom sous lequel beaucoup connaissent l’endroit : Commune Do Fé (Commune De Feu). »
François Gaertner