Stefan Barniche

MÀJ. 22.09.2025

Scann Stories

Scann Stories, depuis 2015
Compositions scannées, dessins, éléments manufacturés et naturels, 29,7 x 21 cm.


« (…) Tu parlais du jeu, c’est un autre aspect qui semblait important dans ta production — le jeu et la notion du ludique. Est-ce que ça arrive également par association ?

Stefan Barniche
Mon processus fonctionne plutôt par combinaison. Avec Scann Stories, par exemple, l’idée est de pouvoir explorer sans cesse de nouvelles configurations, un peu comme avec des accessoires ou la mise en scène d’un film. Un jour, je crée quelque chose avec certains objets et compose une combinaison ; le lendemain, avec ces mêmes objets, cela peut produire un résultat complètement différent.

Est-ce qu’il y a une volonté d’épuiser à nouveau ?

SB
Il peut effectivement y avoir une volonté d’épuiser mais l’idée est aussi de se rendre à l’évidence : les combinaisons sont infinies. Je pense, par exemple, aux plateaux de jeu ou aux échiquiers. Pour mon DNSEP aux Beaux-Arts, j’avais réalisé un projet inspiré des autels réunionnais. J’avais fabriqué un ensemble d’objets en céramique, métal, bois, tissu et matériaux de récupération, plus ou moins votifs et plus ou moins reconnaissables. Ces petits objets évoquaient tantôt des idoles, tantôt des jouets, des outils de mesure ou des armes imaginaires. Chaque pièce avait la dimension d’une main, et certaines se voulaient assez exotiques pour un public hexagonal.

L’ensemble était disposé au sol et sur une table dans une pièce d’environ 30 m². En entrant dans l’espace, les spectateur·ices activaient un jeu de plateau, devenant eux-mêmes des pièces en déplaçant les objets ou en circulant dans la pièce. Ils·elles activaient ainsi quelque chose de symbolique, faisant émerger une poétique de l’espace.

C’est un peu comme dans le cycle de films Cremaster de Matthew Barney où les objets-sculptures qu’il réalise lui-même, au-delà d’être des accessoires-décors pour le film, deviennent quasiment des personnages venant compléter les pièces d’un puzzle narratif et spatial. Pour financer ses films, Matthew Barney vend certaines de ses pièces. Chaque objet existe donc à la fois comme œuvre autonome et comme accessoire dans ses films. Je trouve intéressant cette idée de vies multiples pour des objets, recyclés dans leur fonction et passant d’un statut à un autre, comme lorsqu’on est enfant : les jouets peuvent avoir plusieurs usages et être à la fois une arme, un outil ou un jouet. »

Extrait d’entretien avec Stefan Barniche, par Céline Bonniol et Mathilde Rousselie, 2025.
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