Entretien - Rencontre avec Xavier Daniel

Par Geneviève Gourgou

2014

Geneviève Gourgoux
Qui êtes-vous Xavier Daniel ?

Xavier Daniel
Tout dépend où l’on situe le véritable soi. Citoyen du monde, artiste, auteur, parcelle d’humanité. Je me sens à la fois individu, artiste-auteur, relié et concerné comme citoyen au reste du monde, citoyen du monde, ou bien, d’un autre point de vue, simultanément conscient d’être une parcelle d’humanité se devant d’agir en conséquence.

G.G
Qu’est-ce qui vous a amené à devenir artiste ?

X.D
L’envie latente d’une pratique ou d’un engagement artistique à 100% (et non plus seulement quand j’ai le temps en parallèle d’un autre métier). Est-ce lié à mon père architecte ? Sûrement en partie, ayant baigné dans un environnement visuellement riche, d’où cette envie d’explorer.

G.G
Quels sont vos premiers souvenirs artistiques ? Un souvenir de visite dans un musée ?

X.D
Préado, une semaine muséale à Paris avec mes parents (Louvre, Orsay, Musée d’Art Moderne…). J’ai recommencé seul 15 ans plus tard à la fin de mes études aux Beaux-arts de La Réunion : un mois d’août à Paris à ne visiter que des galeries, expo et musées. Des souvenirs lointains et entremêlés de petite enfance : galeries et expos de peinture.

G.G
Une rencontre ?

X.D
Aucune dans les arts visuels, beaucoup dans le domaine de la musique et de la comédie.

G.G
Le métier d’artiste était-il une évidence ?

X.D
Non, j’imaginais au départ devoir travailler, mettre de l’argent de côté, beaucoup, pour m’arrêter vers 40 ans et me consacrer pleinement à l’art ! Illusion ! Mon cerveau ne faisait qu’appliquer le paradigme « artiste n’est pas un métier ; un artiste ne peut pas gagner sa vie, sinon dans la souffrance, et encore » (sourires). C’est un peu vrai… pour l’aspect financier, mais c’est plus qu’un métier, c’est un engagement de toute une vie, de mon point de vue. Donc ça l’est devenu, une évidence.

G.G
Vos débuts dans les arts plastiques ?

X.D
Tout petit avec de l’encre de Chine en lavis, le dessin (crayon graphite, fusain), et rapidement la photo en empruntant le Voigtländer de mon père.

G.G
Pour vous, les arts visuels, c’est quoi ?

X.D
Un moyen de communiquer, de partager, d’envisager… l’indicible, le non verbal, l’émotion.

G.G
Votre travail ?

X.D
Multiple et varié dans la forme, interrogeant la nature de la réalité dans le fond. J’aime beaucoup travailler in situ. Il s’y trouve des enjeux plastiques inédits du fait, je pense, de l’intervention d’une troisième composante, le genius loci, « l’esprit du lieu », notion contemporaine liée à l’art dans le paysage, l’architecture.

G.G
Quelles sont vos sources d’inspiration ?

X.D
Initialement, l’approche de la gnose1 comme connaissance dite « intuitive » qui s’impose de l’intérieur. Des situations particulières m’ont amené dès la petite enfance à expérimenter de façon involontaire des états de conscience que peuvent procurer la méditation. Ce qui m’inspire : la danse de la vie, ou du cycle de la vie sous toute ses formes, visibles et invisibles, l’amour en faisant partie, la violence malheureusement aussi.

G.G
Parlez-nous de votre forme d’expression…

X.D
Résultat expérimental d’un processus d’exploration de l’inconnu ; ou plutôt du pas encore connu ou pas encore perçu.

G.G
Quel est votre processus de création ?

X.D
… → coïncidence, événement, intuition → réflexion, croquis, note → prise de recul puis méditation → réflexion, croquis, note… synthèse → mise en œuvre expérimentale → évaluation des résultats, analyse, mise en perspective → action ou création correspondante.

EG(s - Prototypes (EarthGates), 2012
Installations-performances in situ, craie.
Dans le cadre du festival Zétinsel, Entre-Deux, La Réunion.

G.G
Une expérience d’intervention d’un artiste auprès de tout jeunes enfants ?

X.D
Zétinsel 2 , 2012. Les quatre écoles maternelles de l’Entre-Deux, des centaines de marmay ! La restitution-convergence des travaux a eu lieu durant un week-end sur la place de la mairie et à l’arboretum : la création d’une nouvelle œuvre issue du regroupement des quatre différentes réalisées dans les écoles.

G.G
Comment conciliez-vous votre démarche artistique et vos interventions dans les classes ?

X.D
En totale adéquation. L’un étant en résonance avec l’autre. Les projets sont menés comme un travail d’intelligence collective, l’artiste n’étant là que pour guider et optimiser le flux créatif généré par l’ensemble du groupe : enfants, encadrants, artiste. L’enfant est acteur du processus professionnel de création. Une approche qui autonomise les enfants et leur propose de mettre en application les savoirs et savoir-faire que l’école leur transmet. Cet environnement atypique d’acquisition permet en outre de favoriser la transmission de la connaissance, l’ouverture d’esprit, les changements de paradigmes, … vecteurs fondamentaux de l’évolution de l’humanité.

G.G
Où rencontrer vos œuvres ?

X.D
Dans l’espace public, à un carrefour, au détour d’un sentier, à l’angle d’une rue… Dans les espaces dédiés (DAC de La Réunion, FRAC, collection d’art contemporain de Saint-Pierre, Art’Senik, galeries d’exposition). Sur les murs de particuliers pour ce qui est de la peinture, et des tirages photos uniques des installations in situ. Sur internet et les moteurs de recherche.

  1. Connaissance intuitive de la spiritualité apportée par la méditation
  2. Festival pour petits et grands à l’Entre-Deux : expositions, ateliers artistiques, spectacles