Tapis mendiant
Par Diana Madeleine
2021
Tapis mendiant
Installation mixte (vidéo, sculpture, galets)
2013-en cours
Tapis mendiant est une œuvre évolutive composite qui s’agrège de nombreuses citations textuelles ou visuelles issues de lectures et du flux des images captées au cours de pérégrinations ou d’investigations. Conçu à l’origine comme un court-métrage construit dans une trame non linéaire, le film comporte aussi bien des images trouvées au gré des navigations sur la toile que des photographies capturées par l’artiste ou encore des collages numériques imbriquant dessin et image. Depuis 2018, Leïla Payet a choisi d’associer des objets et documents à cette matrice en dépliant les nœuds, modélisant les références et en rejouant cette syntaxe du glissement ou déplacement des sources selon les contextes de monstration. L’installation trace ainsi des points de contact en constituant une mise en vue à la manière d’une table de recherche. Elle se tisse au gré du temps comme autant de strates de ce qui compose, recompose la culture visuelle noire avec son lot de stéréotypes et de clichés. S’y juxtaposent des points de vue critiques, les mots d’Édouard Glissant, ceux d’Aimé Césaire ou encore de Joséphine Baker dont le corps est devenu « l’écran de l’exotisme1 ». Plus inattendu, cette recherche a permis à l’artiste de découvrir le roman Ulysse, Cafre2 et de s’interroger sur son histoire. Comme toujours, la question de l’identité du territoire insulaire qu’elle habite est au cœur de ses préoccupations3 . La plasticité, au sens de mouvement des formes, lui permet de faire un travail avec le processus de créolisation et pas seulement un travail sur la créolisation. Le récit en tant que forme mouvante est donc central pour celle qui tente au fond de « révéler l’obscur » en juxtaposant les narrations.
- Jean-François Staszak, « L’écran de l’exotisme. La place de Joséphine Baker dans le cinéma français », Annales de géographie, 2014 (1-2), n° 695-696. Mis en ligne sur Cairn.info le 18/07/2014. ↩
- Marius-Ary Leblond, Ulysse, Cafre ou l’Histoire dorée d’un Noir, Paris, Éditions de France, 1924. ↩
- Leïla Quillacq, texte rédigé pour Documents d’artistes La Réunion, avril 2020. ↩