Aimé Césaire, 1950, Discours sur le colonialisme
Édouard Glissant
André Malraux, 1947, Le Musée imaginaire
Umberto Eco, 1965, L’Œuvre ouverte
André Leroi-Gourhan, 1964-1965, Le Geste et la Parole
Chris Marker, Alain Resnais et Ghislain Cloquet, 1953, Les statues meurent aussi (rapport à l’archive comme reformulation d’une narration)
Gilles Deleuze
Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, « Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain », 2018
Henri Laborit, 1976, Éloge de la fuite
Jacques Rancière
Christine Buci-Glucksmann
Annie Le Brun
Marguerite Duras
Nathalie Béasse
Jun’ichirō Tanizaki
Antonio Gallego (travailler le groupe, fabriquer un « nous »)
Donna Haraway
Catherine Baÿ
Joris Lacoste
Maya Deren
Christian Ghasarian
Homi Bhabha, Third Space (théorie socio-linguistique post-coloniale)
Leïla Payet
MÀJ. 27.04.2022
Que peuvent bien avoir en commun un « kit de tétons pour braille », des petites murailles en carrés de sucre et un film mettant en scène la fuite et les tourments d’une femme créole dans le paysage paisible d’un bord de rivière ? De prime abord, le travail de Leïla Payet paraît insaisissable, indescriptible. On ne peut réellement le cerner. Fait d’une grande diversité de formes et de questionnements, chaotique et complexe, il est à l’image de l’artiste, le fruit de rebonds incessants, marqueurs de son extrême perméabilité au monde et de sa nébulosité. Son travail doit se lire comme le dépliement d’une pensée (plastique) en mouvement, il se développe en strates, des travaux de performance jusqu’aux projets de recherche sur la fabrication de la culture et de ses récits. De l’expérience solitaire à la grande danse de la vie. Mais pour l’analyser, on doit d’abord se forcer à éliminer toutes tentatives de généralités pour l’aborder en fragments épars. Son œuvre sibylline se révèle alors être une « construction » dans laquelle les productions ne cessent d’interroger et de renégocier les relations de l’art à la société.
Diana Madeleine, extrait de Elle est une île : indicible et invisible — Langage et espace dans l’œuvre de Leïla Payet
Mots-clés
- reformulation
- archives
- jeu
- collage
- cuisine
- recettes
- citation
- mille-feuille
- processus
- composition
- créolisation
- nous
Champs de référence
Ma grand-mère
Écrit de l'artiste
« Depuis 2008, je m’intéresse à la société à laquelle j’appartiens : l’île de La Réunion, territoire colonisé par défaut, puis par affection et issu des migrations, des fuites, des exils et finalement des intérêts économiques. La situation géographique et historique de l’île a fait d’elle d’abord un territoire physique façonné par la mer. Elle est à la fois un port, un lieu d’attente, un second choix, une zone de repli, une gare, une prison, un espace de stationnement, un garde-manger, un lieu de passage, une belle maîtresse. Ces différents changements d’états ont rendu le territoire particulièrement « liquide », c’est-à-dire propice au changement continu. Mon postulat en tant qu’artiste est de penser que si le territoire physique a été façonné par l’eau, le territoire psychique, c’est-à-dire la mémoire, l’est tout autant. Ainsi, mon corpus d’œuvres tente d’appréhender le « processus de créolisation » vu à travers le concept de « l’état liquide » défini par Deleuze. Cela consiste à faire un aller-retour entre la définition de ce processus de l’être par l’image, la pensée, et la création d’un récit expérimental plastique protéiforme, travaillé par le rêve permanent, tentant de rejoindre l’universelle variation… »
Leïla Payet
Ressources et textes critiques
Mon nom est commun. Réflexions sur l’identité impossible.
L’identité est une énigme difficile à percer. Elle est rebelle, incapable de se tenir tranquille assez longtemps pour la peindre sur le motif. Elle est mouvante, toujours en transit dans les temps et les espaces où elle circule, les corps qu’elle habite, les histoires qui la façonnent. D’aucuns la diraient girouette ; d’autres, sûrement plus justement, poésie.
Leïla Payet | Elle est une île : indicible et invisible
Que peuvent bien avoir en commun un « kit de tétons pour braille », des petites murailles en carrés de sucre et un film mettant en scène la fuite et les tourments d’une femme créole dans le paysage paisible d’un bord de rivière ? De prime abord, le travail de Leïla Payet paraît insaisissable, indescriptible. On ne peut réellement le cerner. Fait d’une grande diversité de formes et de questionnements, chaotique et complexe, il est à l’image de l’artiste, le fruit de rebonds incessants, marqueurs de son extrême perméabilité au monde et de sa nébulosité. Son travail doit se lire comme le dépliement d’une pensée (plastique) en mouvement, il se développe en strates, des travaux de performance jusqu’aux projets de recherche sur la fabrication de la culture et de ses récits.
Tapis mendiant
« Tapis mendiant » est une œuvre évolutive composite qui s’agrège de nombreuses citations textuelles ou visuelles issues de lectures et du flux des images captées au cours de pérégrinations ou d’investigation de recherche.
Leïla Payet
« Si tu veux parler de l’universel, parle de ton village. »
Leïla Payet est artiste-chercheuse. Elle s’intéresse à l’identité du territoire de son île d’origine. Portée par une conviction qui motive sa recherche, celle de concevoir le monde par le prisme de « là d’où l’on vient », elle démantèle ce qui se trame physiquement pour aborder ce qui se joue psychiquement dans nos rapports à celui-ci.