Jean-Yves Jouannais, 2003, L’Idiotie : art, vie, politique – méthode, Beaux Arts magazine
Henri Bergson, 1900, Le Rire, éditions Félix Alcan
De l’idiotie aux burlesques contemporains, Beaux Arts magazine, hors-série, 2005
UP. 02.12.2021
While Tiéri Rivière may not favour any specific medium and effortlessly shifts from video to installation to drawing to volume work, the same attachment to the idea of balance runs throughout his work, as he experiments and researches this notion in pieces based on tension and potential collapse. By materialising the expectation for a situation to occur (or not), the artist plays with time and with the way it will affect the viewer’s perception of the art. This temporal variable plays a part in the creative process, whether through the idea of suspension or the idea of repetition. This is especially the case in his videos, all of which follow the same production principle: short, looped sequence-shots of simple and often funny situations, producing burlesque overtones that appear implicitly throughout his entire body of work.
Objects occupy a central position in Tiéri Rivière’s works. Many of these depict the artist playing around with an object. The objects used are simple: a basin, a cinderblock or a sheet of corrugated iron, are all parts of a playful and intuitive plastic vocabulary that grows in time.
Tiéri Rivière’s works are characterised by their economy of means and their precise craftsmanship. This process is also found in the way he constructs his volumes through the use of simple workmanship or minute assemblage (Voyaz, Radeau, Bureau …), as well as in his drawings, in which blank space has a plastic quality, in that it stands out from its base and allows a graphic tension to linger: is the figure emerging from the blank surface or is it going to dissolve in it?
Céline Bonniol, 2020
Translated by Lucy Pons | Biographical notes translated with the support of the Centre national des arts plastiques - Cnap.
Jean-Yves Jouannais, 2003, L’Idiotie : art, vie, politique – méthode, Beaux Arts magazine
Henri Bergson, 1900, Le Rire, éditions Félix Alcan
De l’idiotie aux burlesques contemporains, Beaux Arts magazine, hors-série, 2005
Champ de référence
Buster Keaton
Erwin Wurm
Fischli and Weiss
Roman Signer
Philippe Ramette
Bruce Nauman
Daniel Firman
Champ de référence
Jacques Tati : Mon Oncle, Playtime.
Les frères Cohen : The Ballad of Buster Scruggs.
Buster Keaton : La Maison démontable (One Week).
Tiéri Rivière est un multi-instrumentiste, comme une grande partie des artistes contemporain·e·x·s de sa génération, aussi nous devons, pour saisir son travail et ses expérimentations, réussir à appréhender son « horizon d’attente », ou l’endroit du « commun » réunissant l’ensemble de ses actions, constructions, gestes, dessins depuis plus d’une dizaine d’années. Cependant, avant de savoir si le Colonel Moutarde est bien dans la chambre jaune… il va falloir remonter le fil.
Après plusieurs projets sculpturaux complexes, Tiéri Rivière décide en 2020, comme Philippe Delerm avant lui, de se consacrer aux petits gestes domestiques. Peut-être était-ce dû à l’enfermement que nous vivions tous, peut-être tout simplement un pied-de-nez aux parpaings qu’il affectionne tant… Quoiqu’il en soit, sa vidéo, présentée au musée Léon Dierx dans le cadre de l’exposition Derrière la lumière, la mémoire retrouvée, est en effet d’une simplicité saisissante. Face aux grands volumes qu’il déploie par ailleurs, elle met en jeu ces petits objets cylindriques, souvenirs d’une enfance sans souci : des billes.
Loin des attendus de « l’artiste créole », Tiéri Rivière s’attache par le choix de matériaux, de modèles, de caractéristiques architecturales ou de formes décoratives à révéler une identité culturelle spécifique au territoire qu’il revendique. Ainsi, l’habitation créole, sa structuration initiale et ses motifs, lui permettent de questionner son contexte. Tout en appliquant une stylisation des formes, il s’attache autant à une mise en scène qu’à un rapport décoratif.
Si Tiéri Rivière n’a pas de médium de prédilection et navigue aisément entre vidéo, installation, dessin et volume, son travail est traversé par un attachement à la notion d’équilibre, dont la recherche est expérimentée dans des pièces qui mettent en jeu des tensions, des potentialités de chute. En matérialisant l’attente d’une situation qui se produira, ou ne se produira pas, l’artiste joue avec le temps et ses effets sur la réception du spectateur.
J’ai rencontré Tiéri Rivière cet été dans l’espace qu’il occupe en ce moment dans le cadre d’une résidence à la Forge de Belleville, rue Ramponeau dans le 20ème arrondissement à Paris. Assis de part et d’autre d’une petite table dans la zone de cette ancienne fabrique de clefs qu’il occupe, il m’a raconté son parcours. Derrière lui, couvrant les murs, de grands dessins, à l’encre noire et parfois rouge, d’un mètre par un mètre.
Au début, il y a eu le cyclone Firinga, et ses rafales de 240 km/h sur l’île de La Réunion, et le père d’un petit garçon de 9 ans, qui lui interdit de sortir, car il risquerait soit d’être emporté dans les airs, soit d’être décapité par une tôle.
Ce souvenir, et les visions qui l’accompagnent, ont marqué Tiéri Rivière à tout jamais.