Art et activisme

Par Patricia de Bollivier
Parallèle Sud, média web indépendant

Article de presse

2022

LGBTQIA+ : ART ET ACTIVISME

AU CŒUR DU MOIS DES VISIBILITÉS À LA RÉUNION

« Brandon Gercara, Samuel Perche, Emma Di Orio, Abel Techer, Jayce Salez, Sanjee Paléatchy, Yannick Péria mais aussi Marcelino Méduse, Luna Ninja, Sheinara Tanjabi, Estel Coppolani, Guillaume Haurice, Ismaël Moussadjee, Aurus… Nombreux sont les artistes engagés dans le soulèvement joyeux LGBTQIA­+ qui bat son plein en ce moment dans l’île. Quand art et activisme fusionnent pour défendre des causes sociales et politiques, accélérer les prises de conscience citoyennes, et agir de manière concrète et pragmatique sur le monde…

Le Mois des Visibilités LGBTQIA+ organisé par les associations Requeer et OriZon se déroule actuellement à La Réunion, avec au programme des rencontres festives, expositions, Marche des Visibilités, rencontres, ateliers, projections de films… La Marche des Visibilités de samedi a réuni énormément de jeunes, lycéens, étudiants artistes, notamment issus de l’École supérieure d’art, des personnes de la société civile, des personnalités politiques et du monde de l’art.

Au cœur du comité organisateur, des artistes qui ont fait le choix de construire leur démarche de création et leur recherche plastique à partir du combat militant et de la lutte contre les discriminations, avec notamment la mise en place d’actions très concrètes de sensibilisation du public, mais aussi d’entraide et d’accueil des personnes victimes d’homophobie ou de transphobie.

Brandon Gercara, artiste plasticien·ne, fondateur·ice de l’association Requeer et désormais une des figures de proue du mouvement LGBTQIA+ à La Réunion, s’est totalement engagé·e dans cette voie mêlant art et activisme : « Pour changer les choses j’ai ressenti le besoin d’aller sur le terrain politique, mais en tant que plasticien·ne. Lorsque j’ai des rendez-vous avec des personnalités politiques, maires ou députés, je vais sur le champ politique, je parle pour la cité, pour les personnes LGBTQIA+. Je ne sépare plus ces manifestations de mon travail plastique, ce que j’avais été contraint·e de faire jusqu’à présent, c’est-à-dire produire des pièces pour des expositions et à côté de cela vivre mon engagement militant. »

Aujourd’hui la pratique artistique de Brandon passe essentiellement par le travail en situation : « Plastiquement, dit-iel, je passe moins de temps dans l’atelier. Je suis sur le terrain. Mais tous ces moments où je suis en lien avec l’association, dans l’organisation d’événements, le commissariat d’exposition, ou lorsque je fais de la médiation culturelle, ça vient énormément enrichir ma réflexion et ma sensibilité et je peux ensuite le retraduire dans ma production plastique. Antérieurement, quand j’ai fait les Lip sync de la pensée, en amont je me suis nourri·e du travail des penseurs dont je m’inspire, Françoise Vergès notamment. Actuellement tout le travail militant auquel j’occupe mes journées, c’est de la matière plastique pour moi. » Selon l’artiste, il n’est plus nécessaire de produire une forme plastique exposable dans un espace muséal pour être plasticien.

Un art en situation

Ainsi, Brandon Gercara ne fait plus de distinction entre sa pratique d’artiste et son militantisme associatif : « Déjà par honnêteté, dit-iel, mais aussi parce que les personnes à qui je m’adresse sont LGBTQIA+ et qu’il me paraît très important que les personnes pour lesquelles je m’engage se sentent proches et comprennent mon travail… Mes photos sont des actions politiques pour réparer un imaginaire collectif. »

Consulter le texte complet sur le site de publication original :
www.parallelesud.com
De nombreuses photographies et une vidéo l’y complètent.