Toiles mosaïques
Série Toiles mosaïques
Technique mixte sur tissu provençal ancien (XIXe) en coton.
Détails © DDA La Réunion
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« Série de toiles libres, sur tissu provençal, travaillées par pliage, réserves, peinture acrylique, pastels gras.
Le pourtour méditerranéen est une mosaïque de peuples, de territoires, de cultures. Dans le profond de ces terres, des mosaïques antiques mises au jour par des fouilles racontent l’histoire enfouie de ces territoires. Cela motive pour moi, une exploration différente des textiles.
Cette série de toiles libres est travaillée sur du tissu provençal provenant de ma famille. Enfant, le tissu provençal recouvrait tout, canapés, fauteuils, tables, lit… des vêtements étaient coupés et assemblés dans ce tissu. La palette de couleurs choisie obéit au code couleur visible ou non à la lisière de la pièce de tissu. Ces couleurs sont déclinées, les rouges, les verts, les jaunes. Sur certaines toiles, des lignes blanches vont venir éclairer la couleur. Une géométrie de petits motifs traditionnels déjà existants inspire la peinture d’une “ grille ”, ma grille de lecture du monde.
Pendant la réalisation, avec les lignes de couleur, la toile est peu à peu saturée dans un balancement du corps, un va et vient qui l’implique entièrement, comme un balancement incantatoire. Cela évoque la rythmique des tapis orientaux. Des motifs inspirés par les mosaïques réelles du pourtour méditerranéen sont disposés de façon régulière, créant en surimpression une nouvelle géométrie. »
Christiane Fath
« En outre, le choix du support textile est éminemment précis dans la démarche de Christiane Fath. Il s’agit en partie de tissus qu’elle a récupérés, à l’instar de sacs de café issus des marchés malgaches de Mahajanga ou de draps et autres nappes provenant de malles familiales. Chacun de ces supports est marqué par une histoire, un artisanat, un contexte géographique et économique. Qu’il s’agisse de la série des Toiles mosaïques (2012-2015) ou des Routes (2018), les couleurs les plus vives alternent très souvent avec le ton plus sombre et la surface rugueuse de la toile de jute ou les légers reliefs piqués du damassé. Au-delà de cet aspect purement pictural, le tissu permet à Christiane Fath de proposer une autre compréhension de ces étoffes comme réels marqueurs d’une identité mêlée, intrinsèquement liée au colonialisme et au commerce entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ainsi, quand ses interventions picturales s’entremêlent à la répétition sérielle des motifs des indiennes de Provence, l’artiste révèle une dynamique de syncrétisme à la fois formel et culturel, renvoyant à une sédimentation historique où les Indes rencontrent le sud de la France et le pourtour méditerranéen. »
Marc Bembekoff
Extrait du texte Trajectoires, 2024.
Lire le texte complet à la page Repères