« Gorée île noire
Gorée île de lumière

l’île au large…
Terre en vue pour permettre…
antichambre de l’innommable…
lorsque l’homme devient loup
dans ton écrin atlantique tu perds ta sérénité d’île
canon à tribord
coup de fouet à babord
sang sur le bastingage
les voiles claquent la mort blanche
tu deviens alors malgré toi l’espace maudit
pour cent, mille, mille millions de bois d’ébène
en vertèbres entassées dans ton ventre ocre-rouge
trace – angoisse
cri- désespoir
arrachement en arrachement
vers des continents dévoreurs
espace sans retour
incrusté dans l’œil amer de l’exil sans fin

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Gorée île mémoire
lumière du monde

Baignée par trois siècles de souvenirs incandescents
île offrande
où reposent dans le clair obscur atlantique
des milliers d’étoiles… »

Jack Beng-Thi, 1998