Modelage
Moulage
Tressage
Fibres végétales
Terre glaise
Bois
Inox
Verre
Bronze
Papier
Plâtre
Aluminium
MÀJ. 01.04.2025
Jack Beng-Thi, artiste pluridisciplinaire, inscrit son œuvre dans une « cartographie contemporaine de la mémoire » (Orlando Britto). Voyageur imprégné de multiples cultures, de rencontres et de collaborations, il explore depuis plusieurs décennies l’histoire coloniale de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe à travers l’installation, souvent monumentale, dans l’espace public et naturel, la sculpture, la photographie, la vidéo, la performance, la poésie. Il utilise des matériaux naturels prélevés sur place : bois, bambou, vacoa, fibre végétale, tissu, terre… pour transmuter la matière en des œuvres aux surfaces âpres, gravées, marquées. En se réappropriant la mémoire des êtres humains ayant peuplé l’île de La Réunion, en interrogeant les limites entre art traditionnel et art contemporain, Jack Beng-Thi propose un langage plastique où la révolte se mêle à la méditation. Son engagement n’est pas celui de la haine, mais bien d’une quête de vérité, où le rite et le sacré occupent une place centrale. En ce sens, il se rapproche d’un chaman moderne, un alchimiste, un passeur d’histoires et d’élans, un témoin. Il tente de réconcilier les hommes avec eux-mêmes et avec la nature, et rend leurs voix à celles et ceux forcé·es au silence et à l’oubli.
TECHNIQUES ET MATÉRIAUX
Modelage
Moulage
Tressage
Fibres végétales
Terre glaise
Bois
Inox
Verre
Bronze
Papier
Plâtre
Aluminium
MOTS CLÉS
Militantisme
Société coloniale
Colonialisme
Colonisation
Décolonisation
Territoires
Maronage
Demeure
Liberté
Identité
Révolution
MOUVEMENTS ARTISTIQUES
Arte povera
Art brut
Land Art
ARTISTES
Arman
Jean-Michel Basquiat
Christian Boltanski
Alberto Giacometti
Richard Long
Mario Merz
Robert Pagès
Giuseppe Penone
Robert Rauschenberg
Ousmane Sow
Louis Zavaroni
CINÉASTES
Jane Campion
Raoul Peck
Wong Kar-Wai
Abbas Kiarostami
Thierry Michel
Jafar Panahi
Agnès Varda
LIVRES
Jules Hermann, Les révélations du grand océan, éditions Diffusion traditionnelle, 1927, éditions Le corridor bleu, 2017
Gilles Clément, Un grand jardin, éditions Cambourakis, 2016
Manuel Scorza, Roulement de Tambour pour Rancas, éditions Métailié, 1998
Claude Eveno, Gilles Clément, Le Jardin planétaire, éditions de l’Aube, 1997
Ivan Illich, Une société sans école, éditions du Seuil, 1971
Frantz Fanon, Les Damnés de la terre, éditions Maspero, 1961
Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, édition du Seuil, 1952
Malcolm de Chazal, Petrusmok, The Standard Printing Establishment, 1951
PHOTOGRAPHES
Henri Cartier Bresson
David Damoison
Raymond Depardon
Robert Doisneau
Jean-Marc Grenier
Thierry Hoarau
Karl Kugel
Pierrot Men
Sebastião Salgado
Sculpter une poignée de mer est le projet fou de Jack Beng-Thi ou comment rendre hommage au Verbe au travers de poètes prophètes et/ou voyous ? Pas tous célèbres, certains intimes, mais en résonance avec son âme de manière inexplicable, comme un miroir qu’on lui tendit.
Jack Beng-Thi figure un monde prenant conscience de soi dans et par l’homme. Autour d’un pilier central, l’artiste a construit un édifice, faisceau de longs bambous- des barreaux pour limiter ? Séparer ? Abriter ? Enfermer ?-. Matière qu’il a lissée en se brulant les doigts. Par la sensation, la souffrance, le plaisir, l’effort physique, il incorpore son projet dans la réalité.
Jack Beng-Thi a engagé un dialogue avec la géographie, avec l’histoire lors d’itinérances qui entrent en résonnance avec notre pays. Il établit les rapprochements avec des terres qui sont nos lointaines matrices…
Beng-Thi est passionné par l’histoire de ses ancêtres et des anciens esclaves et engagés réunionnais. Où sont-ils passés ? Leurs corps et leurs âmes ont-ils été siphonnés par l’Histoire ? C’est animé par ces questionnements que l’artiste a parcouru sans relâche les archives, îliennes et parisiennes, à la recherche d’indices de leur existence.
Jack Beng-Thi a déjà été considéré comme un artiste nomade, proche de cultures différentes, de pays variés, engagé dans la résistance de l’art face aux abus du pouvoir et à l’exploitation des peuples et de la nature.
Des catalogues abandonnés sur le sol formaient un tas, le nom de l’artiste se lisait : Jack Beng-Thi. Il arrivait de l’océan Indien, de l’île de La Réunion précisément. Deux aspects de sa réalité me sont venus à l’esprit à ce moment là : il parle créole, certes, mais il est aussi français…
L’art de Jack Beng-Thi s’ancre dans la terre et puise aux sources multiples des civilisations qui se sont rencontrées au hasard de ce mouvement général des populations né au XVIIe siècle. Ce croisement de populations, Jack Beng-Thi l’a concentré dans une œuvre de 1996 intitulée Zhu zi, territoire des objets non identifiés.
Jack Beng-Thi, fils de Maurice Antoine Beng-Thi et Alice Miralikan, naît en 1951 au Port, île de La Réunion, au sein d’une famille représentative des origines multiculturelles de son île. Son enfance s’écoule dans un milieu familial d’adoration et d’épanouissement de la lecture, où son père jouait le rôle de guide intellectuel. Jack Beng-Thi se souvient de lui comme d’un homme ouvert aux cultures et à la pensée, avec un grand sens de l’engagement social.
Jack Beng-Thi a traversé les trois espaces et à la fois articulé les trois moments de la résidence itinérante à laquelle nous l’invitions alors. Entre 2005 et 2009, son travail a pris place à Marseille (France), puis à Khartoum (Soudan) pour enfin s’établir à Dakar (Sénégal).
Il faut connaître Jack Beng-Thi, physiquement, pour pouvoir être capable de parler de son œuvre. Il faut avoir vu son visage sur lequel se rassemblent l’Europe, l’Afrique, l’Asie, avoir vu son corps d’ascète, avoir entendu cette voix avec laquelle, sans prétention, il nous livre la sagesse qu’il a accumulée au fil des années.
Oui. Créer, c’est d’abord rechercher quelque chose et cette recherche aboutit nécessairement sur la conquête d’un espace : celui de l’écriture, de la parole… Et l’on a besoin d’un lieu pour montrer et pour dire. D’autre part l’espace qui appartient par essence au public lui a été confisqué. C’est l’un des rôles de l’artiste que de le reconquérir.