Jack Beng-Thi

MÀJ. 01.04.2025

Savannah

« J’ai emprunté à l’ossature du temps
la trace carbonisée d’une histoire…
Aujourd’hui sous le soleil de Savannah
Je parcours à grands pas la caldera granitique
isolée par des vagues tressées, salées…
Je cherche dans les hautes herbes du passé
les pas incandescents de la foule silencieuse
mon œil cyclone incrusté dans la pierre du
volcan mal éteint imprime chaque parcelle
des territoires occupés

Dans la mouvance des non-dits, j’arpente
en soufflant le royaume des hommes tout-couleur
Devant la fureur des chiens hurleurs
je capte les morceaux du réel
malgré le silence tragique de nos pères
Toujours inquiet du vol noir circulaire
des oiseaux de mer
dans le parfum des peaux de couleur
je m’engage à faire pousser au-delà
du désespoir les sentiers interdits de
la mémoire

Au rythme d’un malabar-tambour
dans l’espoir fêlé d’un maloya-kabar
M’inspirant du fracas d’acier sur le
cou de l’animal familier
dans le sillage vermeil-sang
des dieux vagabonds
je m’obstine dans l’honneur singulier
de nos formes pensées
à roder l’objet-délivrance
inséré dans le plissement
des hautes vagues végétales
loin de la coupure fémorale du temps. »

Jack Beng-Thi, 1993