L’œuvre de Migline Paroumanou incarne une poétique du soin, une quête pour cicatriser les blessures laissées par les violences de l’histoire, en particulier celles liées à l’exil et à la colonisation. Paroumanou, à travers des sculptures, installations et performances, revisite des rites et gestes anciens pour reconnecter avec les mémoires dispersées. Sa sculpture La porte du retour (2012) à Gorée traduit le retour des diasporas à l’ancestralité tandis que l’œuvre À nos mères malgaches (2017) explore la transmission mémorielle à travers la figure des mères. L’artiste puise dans plusieurs autres traditions, telles que le marlé tamoul dans Présence immaculée (2020), réinterprété ici comme une offrande aux ancêtres. Paroumanou évoque aussi l’histoire des révoltes réunionnaises, comme dans An bourzon maron (2021), œuvre à la mémoire des marrons tués lors de la révolte de Saint-Leu. Son travail interroge la transmission des mémoires dans un contexte où la colonialité persiste. Par le soin, la danse et des performances comme Le chemin vers toi (2022), elle poursuit inlassablement cette rencontre vers l’autre, cherchant à réparer les corps, et à réinventer les alliances, contre l’oubli et la violence.

Chris Cyrille