Mounir Allaoui

MÀJ. 22.11.2023

Mhaza Kungumanga

Mhaza Kungumanga, 2006
Extrait. Vidéo, 15 min 39 s.
Musique Richard George

Comores - Un pays en quête d’une toile
Par Soeuf Elbadawi

« Pareil ou presque pour Mounir Allaoui, un jeune vidéaste diplômé de l’École des Beaux-Arts de La Réunion. Son écriture seulement portée par les corps, les voix et leur rapport à l’espace, déroute l’oeil compatriote. Parfois programmé dans des installations, son travail le situe de facto dans une vision décalée du réel. “ On a souvent une idée prédéfinie de ce à quoi ressemblent réellement les choses, confie-t-il. J’emploie ici le mot réel dans son usage commun. Le réel, dans le langage commun, c’est ce qu’il y a de moins abstrait, de plus vrai, de plus concret. Il me semble pourtant évident que ce que l’on soumet souvent à ce terme n’est qu’une réalité dominante ”. Son film présenté au FIFAI 06, Mhaza Kungumanga, est un conte filmé à rebours, où il confronte le récit d’une conteuse, gardienne de la mémoire, avec la parole d’un homme politique, à la veille d’une élection présidentielle d’une manière totalement subjective, voire insoumise aux codes : “ Ce qui se prétend œuvre d’art veut montrer un aspect du monde qui n’est pas évident […] Le regard que propose un travail à prétention artistique se veut hors norme, car il tente de proposer une vision. Montrer la norme, la dominante, revient à ne rien montrer, c’est ajouter un signe déjà parfaitement assimilé, et l’ajout d’un signe déjà parfaitement assimilé est nul ”. Un débat qui interpelle peu le public comorien, pris qu’il est dans l’étau des images de série B de ces années DVD. Résident à La Réunion, Mounir Allaoui reste un quasi inconnu aux yeux de ses compatriotes dont il se réclame à peine, n’étant pas lui-même très porté sur les discours d’appartenance communautaire. »

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Extrait d’un entretien avec Cédric Mong-Hy,
dans le cadre de la biennale Arts Actuels, Le Port (La Réunion), 2009.

Cédric Mong-Hy : « Est-ce que ce film a un rapport avec le travail que tu as fait récemment sur les récoltes de contes comoriens, où précisément nous avons affaire à une parole sacrée ? »

Mounir Allaoui : « J’ai souvent évité de créer des situations. Quand je suis arrivé pour filmer ces récits de contes qui allaient mener à la réalisation d’une vidéo que j’ai intitulée Mhaza Kungumanga, j’étais avec une amie japonaise. Nous étions donc sur le même lieu, mais pour deux projets différents. J’ai fait en sorte que l’attention des conteurs ne soit pas dirigée vers la caméra. Natsuki Kawasaki, mon amie, était là pour récolter ces contes qu’elle a publiés chez un éditeur japonais. C’est elle qui attirait l’attention, qui enregistrait le son et qui récoltait la parole. Et moi j’étais là, désaxé, et je filmais cette situation où Natsuki récoltait les contes. »

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