« Depuis 2018, à partir d’images d’archives, j’entretiens un journal photographique personnel sous forme de dialogues avec des écrivains. En nous interrogeant sur leurs identités et celles de nos enfants, mais aussi sur nos territoires de vie – multiples, entre La Réunion et la métropole – nous faisons ressurgir une carte des souvenirs à la fois intime et imaginaire. “ Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a quelque chose qui fait que le bonheur est un bonheur : la possibilité d’oublier, ou pour le dire en termes plus savants, la faculté de sentir les choses, aussi longtemps que dure le bonheur, en dehors de toute perspective historique. ” explique Nietzsche, dans Considérations inactuelles. Faudrait-il réussir à oublier pour vivre heureux ? Mais est-ce possible d’oublier, en photographiant sa vie ? Les images produites ne sont-elles que pure nostalgie, et donc un frein à la liberté et la créativité ? Comme Joël et Clémentine dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind (Michel Gondry), les auteurs jouent avec leurs souvenirs, visuels pour l’un, et écrits pour les autres. Débuté en 2018 avec Yann Hamonet aux textes, ce travail s’est ensuite poursuivi en 2020 avec Ben Mazué, puis jusqu’en 2022 avec Johary Ravaloson et Gillian Geneviève. »
Romain Philippon