Stéphanie Hoareau

MÀJ. 05.11.2021

Réminiscence

Réminiscence, 2021
Installation, maison Pota, festival Réunion Métis, Saint-Paul, La Réunion.

« Depuis 2019, je m’intéresse aux transmissions génétiques, plus particulièrement aux liens de ressemblance et aux similitudes transgénérationnelles. Que transmet-on ? Que reçoit-on ? Mes intérêts se situent à la fois sur les aspects physiques mais aussi sur la construction psychique et mentale d’un individu à travers la transmission intergénérationnelle.
Mon travail débute toujours par des images et quand je retrouve par hasard des anciennes photographies de ma famille en 2017, la question de la mémoire est évidente. Le souvenir n’est pas immuable et comme l’image, il est sujet à l’interprétation, au fantasme, à l’imaginaire. Je me réinvente donc des moments avec ce regard de plasticienne : réorganisation de l’image, tensions des corps et des regards, les flous et les vides de la mémoire y sont représentés… transformant une réalité en composition picturale.

C’est à travers cette réflexion que j’ai proposé une installation dans le lieu de la maison Pota, composée de quatre sculptures et d’un travail de scénographie lumineuse réparti dans le jardin.
À l’entrée de la cour, une balançoire lumineuse attachée à un manguier, et sur le parvis deux sculptures d’enfant en train de jouer aux billes. Dans une des salles annexes visible depuis la rue, une grand-mère tient une cafetière transparente et lumineuse, éclairée par une lumière imitant la bougie. Une petite fille en équilibre joue à cache-cache sur le bord du lavoir. L’ambiance des pièces annexes est légèrement colorée. Chaque personnage est traité de manière hyperréaliste, dans une expression corporelle forte.
Les sculptures sont réalisées en plasticrète (résine non toxique) et résine cristal. L’éclairage scénique du lieu et la mise en valeur des personnages sont de Charles-Henri Léar (ingénieur en génie civil et aménagement public).

Dans cette proposition j’interroge une fois de plus sur la réalité et sa représentation, entre ce que l’on voit et ce que l’on veut croire, entre ce qui est et ce que nous imaginons afin de mieux appréhender notre histoire.
Le souvenir est parcellaire, l’inconscient fait un tri, les éléments marquants sont détaillés au détriment du reste. La maison Pota est un lieu propice au développement de cette recherche, l’empreinte de la mémoire y est forte. Les ruines peuvent être le support de cette réminiscence, ces scènes fictionnelles permettront au spectateur d’imaginer une sorte de réalité parallèle.
Ces instants sont inexistants mais identifiables par tous. Les personnages, dans leurs actions, semblent sortir tout droit de la vie quotidienne mais pourtant figés dans une sorte d’éternité. »

Stéphanie Hoareau, 2021.