Stéphanie Hoareau

MÀJ. 05.11.2021

Jean-François

Jean-François, 2012
Acrylique sur toile, 160 x 130 cm.
Collection Région Réunion
Détail

« (…) Jean-François dort dans la rue, il marche la nuit d’un pas rapide dans les rues de Saint-Denis ; grande silhouette filiforme et agitée, barbe et cheveux blancs, il inquiète un peu le passant, semble toujours en colère. Avec un accent marseillais et un vocabulaire soutenu, il monologue un étrange discours, incohérent, sa gestuelle est éloquente du combat mené. Il était instituteur dit-on, comme Ti Quatorze, Stéphanie Hoareau lui parle souvent. Sa colère semble être dirigée contre lui-même, mais aucune violence ne l’anime. Cet homme instruit, qui parle sans communiquer une seule idée compréhensible par l’autre, reste définitivement ailleurs, sur le terrain de l’altérité totale, privé de cet espace du « même », lieu de notre communication. Toutefois il s’avère extrêmement doux voire protecteur, le corps communique peut-être avec une main posée sur l’épaule, un visage qui s’approche de celui de l’artiste, d’où le cadrage très rapproché de la grande peinture, et la matérialité de la barbe et des cheveux. Ses dialogues avec l’artiste commencent toujours par : « De quoi veux-tu parler aujourd’hui ? » puis le discours s’envole, incompréhensible, le corps s’agite. Incroyable suite de mots dont le sens échappe, n’a plus d’intérêt, ivresse des mots, la colère d’une vie peut-être. L’artiste expose aussi cette voix, loin du portrait, dans l’intimité d’une écoute solitaire. (…) »

Isabelle Poussier, 2015
Extrait de Créations insulaires - Situation de l’art à La Réunion
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