Clotilde Provansal

MÀJ. 03.12.2024

Cartographies #3 - Re-Bird

Cartographies #3 - Re-Bird, 2023
Impression à l’encre sur papier, 126 x 178,5 cm
Détail

Exposition Re-Bird, commissariat Colette Pounia, Artothèque de La Réunion, Saint-Denis.


Cartographie #3 – Re-Bird

« Cartographie #3 – Re-Bird est à l’échelle 1,5 de la carte marine.

Elle rend visible et lisible les mécanismes de la pensée en déplacement qui ont généré les différentes œuvres de l’exposition Re-Bird, devenues des terres et des archipels.

Présentée à l’horizontale sur une table à tréteaux, évoquant celle des premiers cartographes voyageurs, cette carte vue du ciel représente aussi la distribution des œuvres dans les différentes salles de l’espace d’exposition. Ces îles ou morceaux de terre recouvrent des mots ou sont recouverts par eux, signes visuels et sonores disséminés dans l’espace blanc à la manière de la poésie renouvelée mallarméenne, où la tonalité des sons est donnée par un jeu de tailles différentes des caractères.

La carte s’adresse à TOUT domoun – écrit ou dessiné - et elle se veut être celle de TOUT domoun, une expression qui réunit ensemble toutes les formes du vivant. Et elle trace les actions ou les rituels communs et essentiels à toutes les espèces, en interrelation : au moins, la dévoration, l’incorporation, le soin, l’acclimatation, le geste et le chant.

L’on sait que les cartes s’écrivent après que les terres aient été découvertes et territorialisées.

Depuis son arrivée à La Réunion, l’artiste s’est donnée pour mission d’explorer l’île et proposer des cartes qui en décriraient sa complexité - au sens d’Edgar Morin. Mais le propre d’une carte géographique est d’être aussi sans fin. C’est ainsi que l’on décode ce petit-grand signe de l’infini inscrit en haut, à gauche. Elle se défait, se refait au gré des conflits, entraînant de nouvelles annexions et reterritorialisations, au gré des bouleversements climatiques…

Mais cette pièce est surtout un dessein, un projet où le Terrestre, ce nouvel “ acteur politique ”, entre dans la danse. Son paysage “ n’est plus le décor, l’arrière-scène, de l’action des humains ” et il “ tient à la terre et aussi au sol mais il est aussi mondial, en ce sens qu’il ne cadre avec aucune frontière, qu’il déborde toutes les identités ”, dit Bruno Latour. La Réunion nous semble décrite.

Cartographie #3 – Re-Bird est la troisième carte mentale de l’artiste comme l’indique le #3.

La première, réalisée sous la forme d’une performance collaborative à la Cité des arts questionnait le corps hybride, en biologie, mais aussi dans sa dimension politique à travers la figure du monstre générant la peur de l’autre. Par extension étaient posées les questions de la créolisation et du remix son/image.

La seconde cartographie montrait un processus de recherche, une géographie de la pensée comme avec cette troisième cartographie. Mais là, le visiteur doit se faire oiseau, pour comprendre que le monde est à ré-envisager.

Aussi s’agit-il de dessiner des cartes d’alchimistes pour comprendre, dans la lignée de Léonard de Vinci qui projette et dessine des machines naturelles ou artificielles pour comprendre ou de Francis Halley qui dessine des arbres pour comprendre les arbres. »

Colette Pounia
Extrait des cartels de l’exposition Re-Bird, commissariat Colette Pounia, Artothèque de La Réunion, Saint-Denis, 2023.