Territoire d’abolition, 1998
Liberté pour bois d’ébène


« (…) Dans l’espace qu’ils occupent, les corps de Beng-Thi sont contraints au sein même de leur mouvement. Dans des sculptures – à l’exemple d’Arrachement Carg. C12 (des cadavres sont déposés dans une structure en fibres végétales) ou Territoire d’abolition liberté pour bois d’ébène (dans cette dernière œuvre les corps en céramique, nus, sont amassés dans une cave souterraine ouverte, en forme de coque de bateau) – les corps sont souvent rassemblés, comme pour signifier leur mise en esclavage prochaine, leur transport inique sur les eaux, voire leur mise à mort : quand on rassemble les corps, on les prépare au pire. Et quand de surcroît on les désassemble et les démembre, on les assigne au pire. Dans Torn Torn et ses têtes en terre cuite posées sur le sol, des têtes à qui l’on a supprimé la possibilité de mettre un corps en mouvement, le rassemblement constitue une fatalité, celle de l’action impossible, de l’impuissance des têtes qui demeurent malgré la disparition du corps et semblent assister au spectacle de leur propre disparition. Même la capacité pour les corps d’être affectés, comme préalable à l’action, semble être perdue. (…) »
Aude-Emmanuelle Hoareau
Extrait de Sculpter le corps du soulèvement, 2019
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Archive de l’artiste. Numérisation réalisée en partenariat avec l’École Supérieure d’Art de La Réunion.