Le temps
« Dans un temps suspendu, coincées dans des corps blessés, sans volonté, recroquevillées ou alanguies, les figures diaphanes semblent attendre, prises au piège de leur solitude intérieure, indifférentes aux bruits du monde.
Il s’agirait par la peinture de donner à voir le secret de ces corps, de lisser les peaux toujours plus pour apercevoir les couches de chair, de creuser encore plus profond jusqu’à dévoiler l’anatomie, jusqu’aux tréfonds de l’âme aussi. Mais peine perdue, tout n’est que surface, image lisse, sans profondeur autour, des êtres sans chair malgré leurs formes généreuses parfois, vidés de vie, pauvres marionnettes translucides, sans expression ou fatiguées de lutter. Les figures centrales semblent prises au piège des décors vides aux grands aplats colorés venant rompre et accentuer encore la transparence des corps, jusqu’au blanc sur blanc d’un bel ange endormi. »
Isabelle Poussier, extrait du catalogue Diaphanes, éditions Ter’La, Saint-Denis, La Réunion, 2018.