KMVH is a young multi-faceted artist whose work explores the way in which aspects of relationships – to oneself, to others, to space and to the world – can sometimes become stuck, stutter or hinder, become muddled, be avoided or confronted, fall apart or be rectified, work their way through us and affect us. The artist has developed a photographic and video-performative body of work in which she stages herself, as if to foil the plots of a personal mythology of exile. The implicit notion here is the question of the frames of reference that we hand down, erect or demolish, and build ourselves upon. The question is that of identity: what causes us to act a certain way, and how do we fit in elsewhere? KMVH’s work aims to highlight various life stories. Whether intimate or collective, they are at times dented but always resistant; in search of lost spaces, beings or words; hidden under suitcases; forbidden or obvious; sweated out through the hands or shouted out through the eyes, and finding an incarnation here, in a work in action and in search of sharing.

Leïla Quillacq, 2020.

Translated by Lucy Pons | Biographical notes translated with the support of the Centre national des arts plastiques - Cnap.

Mots-clés

  • migration
  • intégration
  • transmission
  • tradition
  • globalisation

Thématiques

  • construction identitaire
  • processus d’intégration
  • conséquences migratoires
  • uniformisation

Techniques et matériaux

  • projection vidéographique
  • installation
  • photographie
  • édition

Écrit de l'artiste

Les conséquences migratoires et identitaires sont parmi mes préoccupations.

Descendante d’immigrés, je migre à mon tour avec ma famille. Mon parcours est à l’origine de mon travail. Née à l’île Maurice, j’ai passé toute mon enfance au Congo-Brazzaville. À l’âge de dix ans j’ai été contrainte de quitter ce territoire à cause d’une guerre civile, un retour brutal dans ce lieu de naissance. Tout laisser pour tout recommencer dans un pays qui m’était totalement étranger et dans l’obligation de m’adapter, je dirais même de m’intégrer, dans mon propre pays. Désapprendre pour réapprendre les normes, les valeurs, les cultures dont les langues de ce nouveau lieu d’accueil.

Je questionne la posture du migrant dans son processus d’intégration, que je traite principalement en vidéo-performance. Je mets en place un protocole, celui de confronter mon corps à l’espace et ses obstacles. Ces espaces sont (…) des lieux de transition où l’on fait une pause, où l’on se retrouve nu avant de se confronter, à nouveau, à l’inconnu. (…) Le corps se positionne dans un cadre qu’il s’est choisi et se met en jeu dans sa force et sa fragilité. Il éprouve sa qualité de sujet dans un sas où il ne fait que passer, à travers des postures et des gestes.

En 2017, influencée par ma deuxième grossesse dans un pays d’émigration avec ma famille, (à l’île de La Réunion), une autre branche de ma recherche s’est ouverte. Cet état a nourri en moi d’autres questionnements, avec ce parcours de migrante, qu’allais-je transmettre à cet enfant, quelle histoire, quelle mémoire, quel héritage culturel, quelles traditions ? Ayant moi-même des questionnements identitaires, le fait de me sentir étrangère partout où je vais et ce, même dans mon pays d’origine.

Actuellement c’est à l’aide du médium vidéo et du son que cette nouvelle partie de mon travail soulève les questions de la transmission et du langage. Le langage qui fait partie du processus d’intégration mais aussi de moyen de transmission.

Mes vidéos traitent du manque de transmission générationnelle et notamment chez les familles de migrants. Dont les enfants finissent peu à peu par perdre l’usage de leur langue maternelle et d’une partie de leur tradition et culture d’origine. Mettant ainsi progressivement fin à la richesse de la diversité culturelle à l’instar d’une culture mondialisée, uniformisée. Dans cette parenthèse, je mets en scène des personnages en confrontation par le langage oral et gestuel, et c’est par leurs interrogations, incompréhensions, hésitations, silences, dans les gestes saccadés, et dans les sens différents des mouvements de mes personnages que je conceptualise le lien rompu de la transmission.

KMVH

Resources and critical texts

KMVH | Déracinement et acculturation

Par Ève-Marie Montfort

Le travail de KMVH part d’une quête d’identité à travers les valeurs culturelles et l’assimilation à un territoire. Ses œuvres questionnent les confrontations culturelles et géographiques, ainsi que les rapports sociaux entre personnes issues d’horizons différents. Par cela, l’artiste souligne les difficultés rencontrées lors d’échanges interculturels abordant la notion de processus d’acculturation parle corps performé et la parole échangée.

Air conditioning (jouer avec les dragons)

Par Cédric Mong-Hy

Le Port, île de La Réunion, océan Indien, un matin « comme les autres ». Sur la montagne flotte une nappe inhabituelle de brouillard, blanchâtre, diaphane, s’étalant comme une voie lactée déplacée à trois cents mètres au-dessus du sol. « C’est beau ! », me disais-je. Je l’appris plus tard : il ne s’agissait pas d’un brouillard, mais de fumées provenant des incendies géants qui, à plusieurs milliers de kilomètres de là, ravageaient l’Afrique du Sud-Est…