RE-BIRD, RE-BIRTH, RE-BURN…
Par Colette Pounia
2023
L’artiste plasticienne Clotilde Provansal a choisi le titre de l’une de ses œuvres, Re-Bird, pour intituler l’exposition qui a eu lieu à l’Artothèque de La Réunion du 15 avril au 14 septembre 2023.
La carte ou la partie pour le tout
Pourtant élaborée après les autres, cette œuvre est la cartographie mentale qui a induit toutes les autres. Elle retrace les chemins de pensée empruntés par l’auteure pour instaurer les œuvres jusqu’à les installer dans l’espace de leur exposition. Elle livre donc les clés pour accéder à un nouveau territoire qui démontre que art conceptuel et réalisme magique, celui des artistes, écrivains et poètes symbolistes, peuvent correspondre, dans un nouvel Ut Pictura Poesis. Elle évoque encore la fabrique de ces premières cartes des voyageurs explorateurs européens, tiraillés passionnément entre les réalités physiques et l’imaginaire des terres et îles inconnues, très vite appropriées et colonisées, très vite violentées et blessées.
Décoloniser la pensée pour vivre dans l’entente
Re-Bird constitué d’images visuelles sonores1 est à arpenter, à explorer. Mais cette fois-ci, l’intention de l’artiste chercheure est de décoloniser notre pensée2 de celles héritées de l’importante vague des conquêtes coloniales. L’entreprise fait sens dans le contexte actuel où nous sommes, certains humains, à vouloir conquérir les planètes habitables et, d’autres humains, amenés à nous demander « où atterrir ?3 ».
Clotilde P. porte attention à la Terre à travers le territoire dans lequel elle habite et co-habite, une île nommée La Réunion, un concentré ou condensé du monde. Là, ici, nous avons eu à apprendre à vivre ensemble, en correspondance, et dans une recherche d’entente4 non dénuée de romantisme, après les affres de l’esclavage. Cette entente avec l’autre, l’humain et le non-humain, qui a généré une culture spécifique issue d’un croisement de cultures a été brève, détissée par les revers de la modernité pourtant prometteuse d’un mieux-vivre. Ces revers ont ré-instauré, en les renforçant même, la hiérarchie dans l’espèce humaine, la supériorité et la domination de l’humain sur les autres espèces et sa déconnexion à l’humus.
Hors-sol, sommes-nous devenus et nos relations à l’autre se fondent encore, et parfois malgré nous, sur l’évaluation de nos détentions ou propriétés : l’argent, le pouvoir, la connexion ou l’influence5 . Nous avons alors appris à vivre de nouveau séparé.
Habiter en oiseau
Aussi Re-Bird énonce un projet politique prétentieux, celui de tendre vers un ré-envisagement de la terre à partager en commun avec toutes les espèces, par de nouvelles manières d’être à elle et de l’habiter, en comprenant que « la terre […] est un écheveau de relations entre les minéraux, les plantes, les animaux et les humains6 ». Habiter en oiseau7 , c’est ce que dit implicitement Re-Bird, prêt à ré-inventer et élargir son territoire avec les autres, avec tous les hôtes de la terre. L’artiste du XXIe siècle est citoyen. Il vit et travaille avec l’autre dans des pratiques collaboratives d’intérêt général. Il est un nouveau réaliste. Un Courbet ou un Beuys ré-incarné à juste escient.
Mais le projet est aussi fantasmagorique, pour contrer le scénario alarmiste ambiant. Les œuvres de Clotilde P. sont des baumes pour réparer les blessures causées par les homo sapiens, pour réactiver l’instinct de conservation autrement dit le désir ou la pulsion du vivre. Pour cela, elle propose de restituer à la réalité sa dimension fantastique, en nous montrant que nos actes et gestes les plus quotidiens, les plus anodins sont en réalité magiques. Ses opérations plastiques sont des opérations magiques, effectuées par des gestes qui dansent.
Grésillements, 2023
Série de 10 photographies, dimensions variables.
Et des gestes qui pansent
Les titres pensés et attribués à chacune des pièces, ces parerga, ne sont pas « hors d’œuvre » ; ils informent [sur] des « tableaux » de vie. L’ Acclimatation est un processus interne au corps et commun à toutes les espèces du vivant. Parole est donnée au vétyver et au végétal avec Mes racines touchent le centre de la terre. Tout brûle dans l’heure fauve est une nouvelle réinterprétation de L’après-midi d’un faune, d’un être hybride, « partiellement humain ». Trachéoscopies, emprunté au monde médical désigne un voyage à l’intérieur de la trachée, organe de la parole et du chant, par lequel circule l’air dans le corps et l’irrigue. Le « is » de Dialysis fictionnalise et poétise un acte médical de régénération. À réformer, à reformer, sous-tend un acte de réparation après une altération. Nous entendons aisément les Grésillements comme Dévoration pétillante suggère une action goulue et sonore de plaisir éprouvé auquel met fin L’enterrement du coq, un rituel extraordinaire. Il nous rappelle la nécessité de la prière à réciter avant la mise à mort de l’animal domestiqué dont nous allons nous nourrir. Et La Nappe est ce tissu de culture, dressé sur une table, pour sacraliser le rituel prosaïque du repas.
Les questions de l’artiste du XXIe siècle
Ces titres informent des questions que travaille et qui travaillent l’artiste : la question de notre rapport à l’alimentation et à la nutrition et donc celle du corps qui incorpore, la question du soin – en particulier des soins médicaux - et de la réparation, son corollaire, la question des interrelations entre l’animal, le végétal, l’humain (déjà évoquée).
Ce sont des questions que se posent les artistes du « care8
», de l’ « éco-art9
» et de l’ « éco-féminisme10
» car il s’agit de reconnaître que c’est bien aux femmes à qui revient la tâche de prendre soin, des garantes de la régénération du vivant.
Re-Birth, Re-Burn et métamorphose
Comme un chant « fonnkèr11
», un cri d’appel venant du fond du corps, Re-bird, ce processus de réitération de l’oiseau – fait résonner d’autres mots : Re-Birth, Re-Burn. Un oiseau vient de renaître de ces cendres ou de son cadavre – selon les cultures.
Souvenons nous de cette capacité de renaissance et de reviviscence du vivant ?
Mourir en est la condition. C’est du corps mort incorporé que surgit de nouveau un corps revivifié. C’est parce que l’un se nourrit de l’autre que la vie se perpétue. Dévoration pétillante, au-delà d’être scène de plaisir de manger, le raconte.
Se mouvoir ou se déplacer en est la condition. Le vivant se transforme, passe d’une espèce à l’autre dans un mouvement ou un déplacement, d’un milieu à un autre, d’un temps à un autre. Acclimatation, le dessin métamorphique parcourant un leporello, le raconte. Son dernier volet – choisi comme emblème identitaire de l’exposition RE-BIRD – montre délicatement un cocon fendu et suggère un envol, celui d’un oisillon que nous devinons en image dans l’avant-dernier volet.
Les grésillements intérieurs de la nature
J’imagine aisément ce nouveau drone de la nature, qui par son chant nous réveille au lever du jour et nous apaise au crépuscule, survoler dans le genre du paysage pour retrouver les siens et les autres.
Tantôt dans une forêt de niaoulis pour observer une procession de prêtresses mystérieuses qui vont y opérer et produire Dialysis ; tantôt dans une aire de pique-nique - différée sur le « papier peint » de Dévoration pétillante - pour regarder la capacité de l’humain à se faire oiseau par ses courtes migrations dominicales.
Le paysage, là, n’est pas à contempler mais à en faire l’expérience. Il n’est pas représentation d’une apparence. Il a une intériorité que l’artiste s’est donnée pour mission de faire entendre les Grésillements.
L’écoulement invisible de la sève dans le corps de l’arbre est sonore mais nous ne l’entendons pas comme nous n’entendons pas les battements du cœur, la respiration des cellules, la traversée de l’air ou du sang dans notre corps.
L’hospitalité ou la nouvelle promesse de la liberté
Lorsque Clotilde Provansal s’entête à vouloir arracher du vétyver, celui-ci finit par lui dire que son action est vaine et absurde. Et il préfère danser avec elle dans un élégant et souple corps-à-corps. C’est en écoutant et portant attention aux œuvres en train de se faire, qu’émerge dans ce dialogue, une vérité enfouie.
Tout brûle dans l’heure fauve, l’ exploration d’un morceau choisi de nature à l’aide d’une caméra endoscopique, nous enseigne avec poésie que le monde du végétal, lui, a su garder le sens de l’hospitalité sans discrimination.
À tous les entretiens qui ont présidé à l’élaboration de RE-BIRD, Clotilde Provansal m’a toujours proposé de partager un repas. Cela m’a touchée. Car cela m’a rappelé la pratique coutumière de l’hospitalité créole : accueillir cet autre qui vient vous visiter en lui offrant un repas.
Cela me rappelle, aujourd’hui, qu’à tous les repas pris en commun, un couvert était posé pour que la liberté puisse s’y installer12
. Re-Bird est peut-être un projet de résistance auquel le spectateur est convié à participer.
Il fera, à son tour, l’expérience du paysage. Il se penchera pour entendre Tout brûle dans l’heure fauve ; il se rapprochera de très près de Trachéoscopies pour sonder les petits paysages inconnus et imaginaires de ce canal du chant qui nous est pourtant familier ; il entrera dans Dialysis pour assister à un ballet de gestes de soins apportés aux niaoulis ; et il pourra s’asseoir, à même le sol, pour regarder Mes racines touchent le centre de la terre.
Traduction en créole réunionnais par Gérard Chopinet
RE-BIRD, RE-BIRTH, RE-BURN
Lartis zarplastik Clotilde Provansal la shoisi le tit inn son bann zev : Re-Bird, kom nom pou son lespozision, dann l’Artothèque.
In kart oubien in bout pou le total kapital
Kinm la fagote ali apré lézot, lev Re-Bird lé le fondman la réalizasion ek létud bann kart mantal i an-voi-d-famiy tout lézot travay. Li retrase bann shemin la pansé loter la anbéké pou akoushe bann zev épisa fé pionte azot dann lespas lespozision. Li ofèr bann klé pou rouvèr la porte in nouvo teritoir i done a konprande komdekoi lar i préfère lidé artistik - é pa laparans - ek le réalism mazik - sak bann zartis bann zékrivin é fonnkézèr sinbolis - i pe koste ansanm, i pe koze ansanm dann in nouvo UT Pictura Poesis. Li fé arvni dann nout koko zistoir bann voyazèr zesploratér zeropéin : parkoman zot la dessine bann promié kart : ralépousé an boikarante, rante bann poudvré fizik ek mazinasion bann tér, bann zil, zot té i koné pa. An dé tan troi mouvman, zot la di « lé azot », zot la kolonizé, vitman vitman zot la totoshé zot la blessé.
Dékolonize la pansé pou vive dann lantante
Re-Bird t’in tralé zimaz le zié le son13 pou bate-karé pou louké. Soman se kou si, lintansion lartis sherser sé dékolonize nout koko, tire dann nout têt bann pansé14 bann gro gran vag la konkét kolonial la boure dedan. Fé sa i vedir in nafèr, sirtou zordi, kan désertin i rode fé la konkèt dot planèt abitab pandank dot moun i demande azot ousa fo ateri ?15
Clotilde P. i fé atansion la tèr dann le teritoir li reste dsu ek dot, in lil i apèle La Rényon, le monde antié réuni dann inn sèl landroi oubiensa in monde an miniatur. Là, isi, nou la du aprande vive ansanm an korepondanse, dann in rod-antande16 ek in ti fouzèr romantik apré kou-d-sabouk lesklavaz. Se lantant ek lot, sak lé domoun, sak la pa domoun, la trèsse in kultur espésial zanfan vite né in mayaz mariaz bonpé kulture. Kulture-la l’apou fané, ek kou-d-zok la modernité i promé pourtan in pli gayar tanto. Bann koudkongne-la la remète, la minm ranforsé, le tiktak in moun lé plis ke lot, domoun lé plis ke lézot lespès, i doi soumète. An fin de konte, i dékonète nèt ek la tèr bann bransh fey an pouritur l’apré doné.
Nou la bate arièr, nou la veni valé, nout bann relasion ek lé zot i baze ankor, parfoi kinm nou ve pa, dsu lévaluasion sak nou nana : larzan, le pouvoir, la relasion, linfluanse17 . Parlfète, nou la aprande vive sakinn son sakinn.
Abite koman zoizo
Anrézon, Re-Bird I fane le grin in prozé polititik kraze pa la pay : tashe moyen rovouloir partaze la tèr ek toute bann zespès ek in nouvo manir ête la tèr. In nouvo manir abite ali parapor la fine konprande la ter sa in « l’asanblaz de fil i relié minéro, plante, zanimo, domoun18 ». Abite koman zoizo19 , woila kosa Re-Bird i souzantan, paré pou ré invanté épisa élarzi son teritoir ek lézot, ek tout ban zinvité la tèr. Lartis le 21ème siek lé in sitoyin. Li viv, li travay ek lot dann bann pratik lintéré zénéral ansanm-avek. Li lé in nouvo réalis. In Courbet oubien un Beuys ré-inkarné komkifo.
Soman prozé-la lé osi kom an fanafout, pou kasse le rin le sénario tansion panga l’apou tourné. Bann zev Clotilde P. lé, pou toulbon, bann préparasion médikaman ek plante i san for kab guéri bann blesur l’homo sapiens lotér, pou arfélève linstin konservasion otromandi le dézir ek la pulsion de viv. Pou sa, Clotilde P. i propoze redone la réalité son dimansion fantastik, i montre anou nout fé-é-zesse le plus toulézour minm le plus tiguine, i artonbe an fin de konte koman la mazi. Son bann zopérasion plastik, bin sa bann zopérasion mazik, bann zesse i danse l’amène sa.
Grésillements, 2023
Série de 10 photographies, dimensions variables.
Bann zesse i fé pansman
Bann nom la done sak piésse, la pa « hors d’œuvre » i di dekoi dsu bann tablo-d-vi. L’ Acclimatation sa in in prosesus paranndan le kor i souke, i soukouy, toute bann zéspèsse le vivan. I fé koze vétiver épisa le vézétal pou Mes racines touchent le centre de la terre. Tout brûle en l’heure fauve lé in nouvo linterprétasion L’après-midi d’un faune, a partir in être ibrid umin par plasse. Trachéoscopies, in mo la anprété la atrapé dann karo médikal pou rakonte in voyaz dann la trashé, lorgane la parol ek le shan, i fé sirkule l’èr dann kor épisa i irigue ali. Le « is » de Dialysis i ramasse mantèr épisa i anfonnkèr in lakte médikal la régénérasion. A Réformer i souzantan in réparasion apré in la-pi-parey. Ni antan fasilman les Grésillements konm Dévoration pétillante i fé mazine kan i anvale -kan i krome- ek dézord in plézir la fine gouté in manzé sitantelman sa. L’enterrement du coq, in sérémoni estraordinèr i rapèl anou la granbezoin résite la prièr avan sakrifié in zanimo ou la ou minm minm soigné. Et La Nappe lé tissu la kultur, la dresse dsu in tab, pou ansakré sérémoni tèratèr in anonfèr linvitasion partaze in gazon.
Bann kestion lartis XXIè siek
Bann tit -la i informe anou dsu bann kestion lartis i travay é i travay ali : La kestion koman-ni-lé ek manzé é donk koman le kor i rale sa,
La kestion le soin -surtou bann soin médikal- ek la kestion la réparation, mayé ansanm, la kestion bann sa -aou-sa-amoin rante zanimo vézétal, lumin (la fine koze ladsu). Bann kestion-la sa bann kestion bann zartis le « care20
», l’ « l’éko-ar21
» é l’ « éko-féminis22
», parapor i fo rekonète sé bien bann fanm lé dovan pou soigné, pou done la vi, pou kaloubadia le vivan.
Re-Birth, Re-Burn é métamorfoz
Konm in romanse fonnkèr23
, in kri i sorte dann fon le kor, Re-bird, le tiktak i arfélève zoizo – i fé rézone dot mo : Re-Birth, Re-Burn.
In zoizo i vien de renète a partir son bann sande oubien a partir son kadav – selon la kultur ou lé dedan.
Eske nou ansouvien la kapasité le vivan nana pou renète, la kapasité nana pou revive ?
Pou sa i fo i mor. A partir le kor mor, i lève an guèp in nouvo kor ranpli la vi. Sé parapor inn i nouri ali ek lot ke la vi i dé sièk é dé siek amen. Dévoration pétillante, i désote la sène i fé plézir manzé, i rakonte sa.
Bouze aou sansa déplase aou woila le kondision. Le vivan i transforme, i passe d’in lespesse alot dann in mouvman oubien in déplasmann, d’in landroi a lot, d’in tan a lot. Acclimatation, le dessin bonpéform i parkoure le liv lakordéon i rakonte sa. Son dernié - la shoizi ali konm lanblême lidantité l’ekposision RE-BIRD – i amonte, an respé, in kokon la fine fande ; i fé mazine in dékolaz, sad inn ti baba zoizo nou devine an zimaz, dann lavan dernié volé.
Bann grézilman an plin-d-kèr la natur
Mi mazine fasilman in nouvo drone la natur, son shanté i révey anou bardzour é i apèze anou tibrune. Li survole dann péizaz-la pou artrouve lé sienne ek lé zot.
Talèr dann in foré Niaouli pou observe la prossession bann fanm prète mistérié i sava grate ti boi é produi Dialysis. Talèr dann in èr piknik-diféré dsu « papier peint » de Dévoration pétillante – pou regarde kapasité lumin nana pou veni zoizo i bate karé le dimansh, pti pti karé .
Péizaz-la lé pa pa rienk pou kontanplé, lé osi pou vive in lespérianse. Li la pa in reprézantasion in laparanse. Li nana in gro anndan, lartis la désid tashmoyen fé antande bann Grésillements.
La sèv i koule dann le kor piédboi, sa lé invizib, sa i fé dézord soman nou antan pa kaziman konm nou antan pa batman le kèr, repirasion bann selul, traversé l’èr oubien traversé le san dann nout kor.
Lospitalité : la nouvel promesse la liberté
Kan Clotilde Provansal, lé antété, i vé rash vétiver, vétiver i fini par di ali fé sa lé bète é i serve pa rien. E vétiver i préfère danse ek Clotilde Provansal in atèr atèr soup é élégan. Sé an ékoutan é an portan atansion bann zev lapré fé ke dann dan sobatkoz-la i fénésanse in vérité antéré.
Tout brûle dans l’heure fauve, l’eksplorasion in boute la nature ek in kaméra andoskopik, i aprande anou ek poézi ke le monde végétal, li, la yinbou garde le sanse l’ospitalité san borde persone.
Sak foi nou la vu anou pou travay dsu RE-BIRD, Clotilde Provansal la propoze partaze in kari. Sa la toushe amoin akoz sa la rapèle amoin in bon manir kréol la désote le tan : akey domoun i vien rande aou vizite an ofran ali in repa.
Sa i rapèle amoin, zordi, ke pou sak repa i manze ansanm, i mète in kouver konmsa la liberté i ienbou instale ali24
. Sa-se-pe Re-Bird‘in prozé la rézistanse ousa i invite spektater partisipé.
Li va fé, son tour, lekspérianse le péizaz. Li va panshé pou antande Tout brûle dans l’heure fauve ; li va raproshe ali prè le minm Trachéoscopies pour sonde bann ti péizaz inkonu é imazinèrkanal le shan la ni koné pourtan bien ; li va rantre dann Dialysis pou agarde un dansé detri moune l’apou fé bann zesse pou soigne bann pié niaouli ; é li poura asiz, atèr, pour regarde Mes racines touchent le centre de la terre.
- Les images sont sonores de différentes manières. Soit ce sont les sons qui déterminent les images comme Grésillements. Soit les sons et les chants sont ceux de l’environnement où les prises de vue ont été effectuées, et auxquels s’en ajoutent d’autres, les sons des machines comme dans Dialysis. ↩
- C’est Eduardo Viveiros de Castro qui rappelle lors d’une conférence sur son ouvrage Métaphysiques cannibales que « la décolonisation politique déjà entamée doit être accompagnée d’une décolonisation de la pensée. Et cette décolonisation doit être permanente. Sinon on reste sur nos acquis, nos replis, des mots d’ordre, des théories qui arrêtent le mouvement. » Cette idée de la décolonisation de la pensée est ce qui fonde une nouvelle conception de l’anthropologie amenée par Philippe Descola. ↩
- Je me réfère ici à l’ouvrage de Bruno Latour paru en 2017 Où atterrir ? Comment s’orienter en politique ↩
- « Lontan lavé lantant » disent les « gramoune » qui évoquent une entente entre toutes les espèces, une indissociabilité de la nature et de la culture. ↩
- Virginia Woolf l’énonce déjà dans une Chambre à soi, publié pour la première fois en 1929. ↩
- Pensée de Rachel Louise Carson, biologiste et l’une des premières militantes écologistes. ↩
- Je me réfère ici au titre de l’ouvrage de Vinciane Despret, Habiter en oiseau, paru en 2019 ↩
- « Le care désigne l’ensemble des gestes et des paroles essentielles visant le maintien de la vie et de la dignité des personnes, bien au-delà des seuls soins de santé. Il renvoie autant à la disposition des individus – la sollicitude, l’attention à autrui – qu’aux activités de soin – laver, panser, réconforter, etc.-, en prenant en compte à la fois la personne qui aide et celle qui reçoit cette aide, ainsi que le contexte social et économique dans lequel se noue cette relation. » Éric Gagnon, « Care », in : Anthropogen.org, Paris, Éditions des archives. ↩
- L’éco-art, ou art environnemental, est une forme d’art engagé dans la préservation de l’environnement et de toutes les espèces du vivant. ↩
- L’éco-féminisme, un mouvement qui associe pensée écologique et pensée féministe. Né dans les années 70, Il s’engage au moins dans deux combats menés en simultané, celui de la domination de l’homme sur la femme et celui de l’exploitation meurtrière de l’environnement par l’humain. ↩
- Le « fonnkèr » est une poésie vivante. Né dans les îles créoles, il cicatrise et embaume les blessures lorsqu’elles émergent du plus profond du corps. ↩
- J’emprunte cette pensée de la Résistance à René Char qui dit exactement dans son recueil Fureur et mystère. Poésie paru en 1966 : « À tous les repas pris en commun, nous invitons la liberté à s’asseoir. La place demeure vide, mais le couvert reste mis. » ↩
- Bann zimaz lé sonor diféran manir. Soi bann son i détermine bann zimaz kom Grésillements. Soi bann son ek bann shan sé sak lanvironeman ousa la fé bann prize de vu, é aprésa la razoute dot son bann mashine kom dann Dialysis. ↩
- Eduardo Viveiros de Castro di dann in konférans dsu son liv Métaphysiques cannibales « i fo la dékolonizasion la pansé i akonpagne la dékolonization politik la fine komansé. La dékolonizasion la i doi pa kontinié toultan. Sinon ni reste dsu nout zaki, nout bat arièr, bann mots d’ord, bann téori i kale le mouvman. » Lidé la dékolonizasion komsala a fénésans in nouvo konsepsion lantropolozi sak Philippe Descola ↩
- Mi apuy amoin isi dsu liv Bruno Latour la sorte an 2017 Où atterrir ? Comment s’orienter en politique. ↩
- « Lontan lavé lantant » gramoune i di. Zot i koz parla dsu lantant rante tout bann zespès, la natur ek la kultur ansanm ansanm pa z’in pa san bata. ↩
- Virginia Woolf li di déza sa dann Une Chambre à soi, publié premié kou an 1929 ↩
- Pansé Rachel Louise Carson, biolozis é parmi bann premié militante écolozis. ↩
- Mi baze amoin isi dsu le tit liv Vinciane Despret, Habiter en oiseau, la sorte an 2019 ↩
- « Le care sé l’ansanm zesse ek kozman esansiel pou mintien la vie ek la dignité domoun, i désote bann sel soin la santé. I toushe otan sak sakinn l’anvi- d’fé – porte atansion lot, fé in ka ek lot– ke bann zaktivité le soin – lavé, fé pansman, rékonforté, etsétéra, an prenan an konte a la foi la persone i ède é sak i gaingne l’éd-la, mé osi le konteks sosial é ékonomik ousa i débute relasion-la » Éric Gagnon, « Care », in : Anthropogen.org, Paris, Éditions des archives. ↩
- L’éko-ar, ou ar anvironemantal, sé kalité l’ar angazé pou la préservasion l’environeman ek tout bann zespesse le vivan ↩
- L’éko-féminis, in mouvmani maye la pansé ékokozis ek la pansé feminis. La komansé an 1970, i sobate an minm tan konte la dominanasion lo zonm dsu fanm é konte l’esploitasion lanvironman par lumin la pou kine toute. ↩
- Le fonnkèr sé la poézi vavante. Né dann bann zil kréol, li sikatrize é li anbome baan blessur l’èr li sorte dann finfonl e kor ↩
- Mi anprète René Char pansé la rézistanse-la. Dann son ti liv Fureur et mystère Poésie la sorte an 1996 : « À tous les repas pris en commun, nous invitons la liberté à s’asseoir. La place demeure vide, mais le couvert reste mis. » ↩