« S’il y a des territoires qui tiennent à être chantés ou, plus précisément, qui ne tiennent qu’à être chantés, s’il y a des territoires qui tiennent à être marqués de la puissance des simulacres de présence, des territoires qui deviennent corps et des corps qui s’étendent en lieux de vie, s’il y a des lieux de vie qui deviennent chants ou des chants qui créent une place, s’il y a des puissances du son et des puissances d’odeurs, il y a sans nul doute quantité d’autres modes d’être de l’habiter qui multiplient les mondes. »
Vinciane Despret, Habiter en oiseau, 2019.
« L’air que nous respirons n’est pas une réalité purement géologique ou minérale – elle n’est pas simplement là, elle n’est pas un effet de la terre en tant que tel – mais bien le souffle d’autres vivants. Il est un sous-produit de la “ vie des autres ”. Dans le souffle – le premier, le plus banal et inconscient acte de vie pour une immense quantité d’organismes – nous dépendons de la vie des autres. »
Emanuele Coccia, La vie des plantes : une métaphysique du mélange, 2021.
« Le cœur est un tapis d’une graminée ordinaire sur laquelle on marche en bord de route sans y porter attention, peut-être même en espérant l’évacuer du terrain au nom de la tragique « propreté » ! Le principe étant de valoriser les espèces les plus modestes, toutes les plantes ayant un rôle important dans les écosystèmes, qu’elles soient valorisées, adorées, ignorées ou détestées. Le but était d’attirer l’attention sur les espèces capables de vivre sans assistance dans une composition cadrée en espérant faire porter le rôle de star à une herbe méprisée tout en évacuant les véhicules de cet espace pour le laisser aux humains et aux oiseaux. »
Gilles Clément, Le vivant de l’île, 2021.