Lewis Carroll, 1871, De l’autre côté du miroir
Judith Butler, 2005, Trouble dans le genre : le féminisme et la subversion de l’identité, Éditions La Découverte
Guy Hocquenghem, 2000, Le Désir homosexuel, Fayard
Paul B. Preciado, 2000, Manifeste contra-sexuel, Éditions Jacob-Duvernet
Françoise Vergès, 2017, Le Ventre des femmes : capitalisme, racialisation, féminisme, Albin Michel
Monique Wittig, 2018, La Pensée straight, Éditions Amsterdam
Simone de Beauvoir, 1949, Le Deuxième Sexe, Gallimard
Gilles Deleuze et Félix Guattari, 1980, Mille Plateaux : capitalisme et schizophrénie, Éditions de Minuit
Abel Techer
MÀJ. 09.12.2021
Du travail d’Abel Techer, le public a surtout vu les autoportraits peints. Inlassablement, qui le connaît retrouve ses traits dans ses toiles aux titres volontiers laconiques, un ensemble constitué depuis 2015 et toujours en cours.
Plus récemment, Abel apparaît tout aussi reconnaissable dans ses travaux vidéo, qui comportent des scènes d’autoportrait et prolongent formellement sa peinture. Il travaille en effet à ce que les deux médiums se répondent mutuellement, à « faire entrer la peinture dans le virtuel ou le virtuel dans la peinture ».
Bien que la vidéo Makota ne soit pas encore achevée, elle me semble déjà être un tournant dans le travail d’Abel Techer, à tout le moins une entreprise de synthèse ambitieuse. Le corps de l’artiste n’apparaissant plus que par intermittence, dans certains plans et non dans tous, il est comme périphérisé par rapport à la peinture, il devient un sujet parmi d’autres. Ainsi, si la fluidité est centrale chez Abel Techer, c’est bien au-delà de la fluidité queer entre les genres. Elle est aussi à l’œuvre entre les médiums, entre le corps et le lieu qui se fabriquent presque mutuellement ; mais encore : entre l’inanimé et le vivant.
Victorine Grataloup
Production ARTE en partenariat avec l’ADAGP et le FRAC Réunion.
Abel Techer © ADAGP, Paris, 2019
© ARTE France Développement, ADAGP, 2019
Livres
Artistes
Zanele Muholi
Samuel Fosso
Michel Journiac
Claude Cahun
Urs Lüthi
David LaChapelle
Cindy Sherman
Nan Goldin
David Hockney
Henry Scott Tuke
Archipel
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Mots-clés
mise en scène
genres
sexualité
queer
autoportrait
intime
transition
conte
fiction
porcelaine
nu
Archipel
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Écrit de l'artiste
« Carte blanche à Abel Techer », Le Quotidien de l’art, n° 1048.
« C’est une réflexion autour de la notion du corps et de l’autoportrait dans lesquels émerge le rapport au genre et aussi à la sexualité. La peinture et le dessin sont principalement les médiums utilisés pour traiter ces notions dans la représentation. Ainsi, l’autoportrait est amené à se décliner dans différentes mises en scène dans lesquelles viennent ponctuer des objets du quotidien. Ce projet me permet d’examiner les relations qui découlent entre le(s) sujet(s) et les contextes reconstruits dans lesquels ils sont amenés à évoluer. Le corps apparaît ainsi en constante mutation, dans un renouvellement continuel de sa représentation et des symboliques qui s’y greffent. Les sujets, les objets et les contextes deviennent alors une multiplicité de fenêtres ouvertes et se conjuguent pour faire émerger différents systèmes symboliques.
Il s’agit de tenter de mettre en évidence les possibles pistes pour concevoir un corps à la fois intime, social et politique, un corps en relation inaliénable avec son contexte évolutif.
L’image est ramenée à sa part symbolique et en ce sens l’autoportrait se détache de son modèle originel. La représentation ainsi aliénée de toute attache physique offre une panoplie de déclinaisons et de possibles états. L’image en déploiement dans la fiction puise dans le réel et la mise en scène permet de réinterpréter, de réinvestir des états que confèrent la peinture et le dessin.
La série de représentation est encore une manière de déplier les différentes facettes d’un corps multiple, d’un sentiment identitaire non sédentaire mais plutôt dans une forme de déplacement perpétuel. Des corps esquisses, des parties préparatoires, des zones où les frontières entre le fini et le non-fini se troublent. Ce processus se greffe également sur les éléments que composent les contextes dans lesquels ces avatars sont plongés. Les objets, les corps, les espaces sont ainsi traités par leur apparition sur le support, ces éléments sont tantôt poussés, tantôt uniquement signifiés par leurs formes les plus basiques, par des contours ou encore des taches qui viendraient témoigner de leur présence.
C’est aussi l’idée de concevoir le rapport aux genres comme des données fluctuantes, aux contours non évidents, cherchant des pistes de déploiement au-delà du binaire. Ce sont des tentatives de transformations qui puisent dans les symboles culturels existants, réinvestir ces éléments par des hybridations, par des déformations. Des réalités rendues malléables dans la représentation des images. »
Abel Techer, 2016.
Ressources et textes critiques
Abel Techer | Des bibelots pour étendard
Du travail d’Abel Techer, le public a surtout vu les autoportraits peints. Inlassablement, qui le connaît retrouve ses traits dans ses toiles aux titres volontiers laconiques, un ensemble constitué depuis 2015 et toujours en cours. Plus récemment, Abel apparaît tout aussi reconnaissable dans ses travaux vidéo, qui comportent des scènes d’autoportrait et prolongent formellement sa peinture.
Abel Techer | La peinture sopitive
« La notion de sopitif (de sopio, « endormi, apaisé »), employée par Roland Barthes, désigne la nature adoucissante et calmante de certaines substances muqueuses, lactées ou crémeuses, dont les composants ne sont unis que par une adhérence imparfaite : entre le mou et le liquide, le sopitif se distingue par ses propriétés matérielles, visuelles, mais aussi sensuelles, symboliques et sociales. »
Abel Techer
Au côté d’une pratique qui aborde dessin, sculpture, photographie, vidéo et installation, Abel Techer montre principalement de la peinture, une peinture éblouissante par sa virtuosité et par l’imaginaire qu’elle porte.
La société créole est profondément baroque et dans cette perspective, la peinture d’Abel Techer s’inscrit naturellement dans cette culture de l’hétérogène, de l’extravagance et de la démesure.
Abel Techer et la fluidité du genre
Je ne voulais pas écrire de texte sur ton travail Abel, je voulais simplement retranscrire l’échange que nous avons eu hier, dans ton atelier, et le publier tel quel. Ce n’est pas que l’envie me manquait, bien au contraire, mais ta peinture est si intime que cela me semblait déplacé de lui imposer mes mots.
Abel Techer - I call you from the crossroads
J’ai rencontré Abel Techer en 2015 dans une salle du musée Léon Dierx à Saint-Denis (La Réunion). Jeune artiste tout juste diplômé de l’ESA, il présentait à l’occasion d’une exposition collective un triptyque monumental (Sa fille manquée, 2015)
L’œuvre d’Abel Techer s’inscrit dans un héritage artistique lié à la scène queer qui développe depuis les années 1930 une réflexion sur le genre, le corps et les stéréotypes sexuels.