Je suis né en 1963 à Mont-Vert les Hauts, île de La Réunion. Amoureux de la nature, je suis proche de la terre et fasciné par les arbres. Éveillé à la pratique artistique au collège par le professeur d’art Labor Robert, j’ai découvert la figuration narrative et la figuration libre dans les années 90 en fréquentant la galerie Mengin où j’ai rencontré notamment Hugh et Sabine Weiss, Erró, Hervé Di Rosa, Peter Klasen… Sur mes premières toiles, les arbres s’imposent, troncs dénudés derrière lesquels apparaissent des scènes de vie. L’exposition Étadam en 2000, en duo avec Nathalie M, et le livre édité à cette occasion révèlent ce jeu subtil. Jeu de cache-cache ou distanciation, l’Arbre s’interpose entre le spectateur et des instantanés de la vie quotidienne ou de scènes inspirées de la mythologie, comme dans la série bleue de 2006. Mon travail s’enrichit de la rencontre avec l’artiste américain Hugh Weiss, dont la peinture onirique propose des voyages imaginaires dans le monde réel du rêve.
L’image de l’Arbre continue à occuper une place centrale dans ma recherche artistique. Arbre généalogique, Arbre à palabres, Arbre de la liberté, Arbre sacré… forêt de symboles. En 2008, j’introduis la photo dans son travail. Ainsi inséré dans des tirages photo, l’Arbre met en évidence les contradictions entre la mémoire image et le temps. L’Arbre naît, vit et perdure, personnage immobile, soulignant la schizophrénie de nos vies modernes. C’est ainsi que naît la série 7 jours à New York. En 2009, ma rencontre avec Hervé Di Rosa, l’un des principaux artisans de la figuration libre, avec qui je noue des relations amicales, influencera ma recherche plastique. Je m’interroge alors sur l’idée d’un Nouveau Monde né récemment de la fusion forcée d’origines diverses, sur la construction de l’identité issue d’un métissage multiple…
Fil conducteur de mes créations, l’Arbre est aujourd’hui au cœur du Tour des origines d’un nouveau monde. Depuis 2010, j’ai en effet entrepris une réflexion autour des contrées racines d’un nouveau monde, qui peut être La Réunion ou un monde demain. Reprenant l’expression du philosophe Emanuele Coccia selon laquelle « il n’y a rien de purement humain, il y a du végétal dans tout ce qui est humain, il y a de l’arbre à l’origine de toute expérience », je développe une recherche autour de l’identité multiple et nos différentes appartenances. J’explore ainsi la question écologique et la place de l’homme au sein du monde vivant, développant autour de l’Arbre une réflexion esthétique, poétique et personnelle sur la relation entre les hommes et la nature. L’Arbre devient présence physique de notre rapport au monde, symbole du lien entre le réel et notre imaginaire et ouvre l’espace pour ce que Wilhiam Zitte a nommé l’Artgénéalogie.
Mon travail prend racine dans l’espace indo-océanique.
Par ailleurs j’ai démarré, en collaboration avec l’artiste Stéphane Kenkle, un projet « d’art-griculture » écologique sur une parcelle de 6 ha. L’idée étant de contribuer à la « re-colonisation » de l’espace par la nature, et de redonner à celle-ci, et donc aux arbres, la place que l’anthropocentrisme leur a enlevée.
Kako, 2020